Congrès FNHPA : Ce que N. Dayot a dit au Ministre
L’année 2018 se termine. L’occasion de revenir sur le discours prononcé par Nicolas Dayot, lors du congrès de la FNHPA, concernant les différentes menaces qui pèsent sur les campings.
L’année 2018 se termine. L’occasion de revenir sur le discours prononcé par Nicolas Dayot, lors du congrès de la FNHPA, concernant les différentes menaces qui pèsent sur les campings.
Pour son premier congrès national en qualité de président de la FNHPA, Nicolas Dayot n’a pas mâché ses mots en présence de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires européennes, qui avait accepté l’invitation de la fédération. « Monsieur le Ministre, nous avons beaucoup à dire car nous sommes ambitieux pour notre profession, ambitieux pour le tourisme en France et ambitieux pour être les acteurs et les promoteurs du tourisme durable ».
C’est tout d’abord la place de l’HPA dans le tourisme français et les menaces qui peuvent remettre en cause cette place que Nicolas a souhaité aborder. « La France doit nous soutenir, notamment en accompagnant le développement des campings sous exploités ou fragilisés, comme le sont encore trop souvent les campings municipaux (dont le destin est d’être mis en gestion privée) ou les campings en zones rurales. Ce gisement sous exploité pourrait constituer un accélérateur puissant, à condition bien sûr de faire l’objet d’une stratégie dédiée et cohérente portée par l’Etat. »
Revenant sur la révision de la grille de classement dont le but était de la simplifier et de la mettre en phase avec les attentes des touristes pour les attirer, en particulier les touristes européens, Nicolas Dayot a mis le doigt sur certaines problématiques qui freinent le développement des campings.
« De nombreux campings n’auront pas la possibilité de conquérir les points des critères nouvellement créés, faute d’autorisation d’urbanisme et/ou environnementale, car dans certaines zones (et les plus attractives hélas), il est pratiquement devenu impossible de faire évoluer l’intérieur de nos périmètres. Et nous le savons tous ici : un camping qui n’évolue pas est un camping qui disparait à terme. (…) La montée en gamme et en qualité à laquelle nous sommes encouragés ne sert à rien si par ailleurs nous n’avons pas la possibilité de faire évoluer nos terrains », a-t-il insisté.
Répondant à cette problématique, Jean-Baptiste Lemoyne a confié que concernant les sites exceptionnels, « on gagnerait à mettre en place un petit groupe de dialogue avec quelques architectes des bâtiments de France. C’est par la connaissance des enjeux mutuels des uns et des autres qu’on arrivera à progresser. »
Concours l’Epine des taxes
A propos des chèques-vacances, il a rappelé le mécontentement des exploitants de camping « à la suite de l’augmentation très importante des commissions ANCV de 1% à 2,5% qui s’est faite au détriment des prestataires seuls. » Sur cette question, le ministre a pour sa part indiqué de « l’ANCV avait pris cette décisions à regret après que l’Etat, dans le passé, ait siphonné sa trésorerie. » Quant à la taxe sociale, il a indiqué qu’il allait mettre toute son énergie pour revenir à la situation initiale. « Stop au concours l’Epine de la taxe et de la fiscalité », a-t-il lancé.
INTER : Interdire la clause de parité
Autre menace évoquée par Nicolas Dayot et qui concerne la rentabilité des campings à moyen terme : les pratiques commerciales discriminatoires de certaines OTA qui rendent dépendants économiquement leurs partenaires. Des pratiques qui ont été en partie mises au pas par la réglementation, mais uniquement pour les hôtels… « Il est urgent d’étendre le dispositif réglementaire (le contrat de mandat et l’interdiction de la clause de parité tarifaire) qui protège les hôtels face aux OTA aux autres modes d’hébergement touristique. Ce qui a été possible pour eux devrait l’être pour nous. » Rappelons que les clauses de parité tarifaires imposées par certaines plateformes en ligne interdisent aux campings de proposer un tarif inférieur à celui disponible sur la plateforme.
Des propos entendus par le ministre : « Je suis favorable à interdire la clause de parité tarifaire. Il faut qu’il y ait un alignement qui se fasse avec l’hôtellerie. Je ne vois pas ce qui l’empêcherait. Il ne faut pas avoir peur de rentrer dans le sujet et d’aller vers l’équité », a-t- il déclaré.
Halte à la taxe de séjour au forfait
Enfin, le président de la FNHPA a tenu à signaler une troisième menace qui pèse lourdement sur les campings : la fiscalité, avec d’une part la taxe foncière et d’autre part la taxe de séjour au forfait. Concernant cette dernière, il a insisté sur le fait que certains campings se retrouvent dans des situations ubuesques.
Là encore, le ministre Jean-Baptiste Lemoyne a indiqué qu’il y avait urgence à travailler sur la question. « Certes, seulement 7 % des communes ont choisi ce mode de prélèvement. Mais quand ça tombe, cela fait mal », a-t-il déclaré.
Après avoir développé les différentes menaces qui pèsent sur la profession, Nicolas Dayot n’a pas oublié de rappeler au ministre combien la FNHPA jouait le jeu et était proactive. Outre les dossiers concernant la nouvelle grille de classement et le contrat loisir ou encore la sécurité, il a souligné à quel point la profession était engagée depuis une quinzaine d’année dans la préservation de l’environnement. « Notre premier guide d’intégration paysagère de la profession date de 2005 », a-t-il souligné. « Mais les emplacements exceptionnels que nos établissements occupent souvent sont aussi, et c’est bien normal, des espaces protégés : bande littorale, sites classés ou sites patrimoniaux remarquables, … Or ces protections, bien que créées dans la plupart des cas postérieurement à l’aménagement originel de nos campings, impliquent des contraintes parfois lourdes. » De fait, il est difficile de faire correspondre montée en qualité et règles d’urbanisme ou environnementales. Pour le chef de file des campings, il serait pertinent « d’aborder de manière pragmatique la place des terrains de camping dans les sites classés et la nécessaire souplesse d’aménagement qu’ils doivent pouvoir y trouver ». Le but étant à termes de tirer des enseignements de bonnes pratiques qui pourront servir de référentiel aux administrations en charge de la préservation des sites classés.
Non-assistance à camping en danger
« Vous avez à vos côtés une profession qui joue le jeu, qui est facilitatrice, qui ne demande pas de subventions, ni à aménager là où la loi l’interdit aujourd’hui. Nous ne concevons pas que le tourisme français puisse se développer sans un partenariat étroit, constructif et responsable entre les professionnels, l’Etat et les collectivités locales », a conclu Nicolas Dayot.
« Mais il faut rester conscients de nos limites et de la fragilité de notre situation : le rétrécissement de l’offre camping, de notre nombre de terrains et d’emplacements est là et il faut y prêter une grande attention – ce serait une faute que de ne pas le faire, cela relèverait de la « non-assistance à camping en danger » ».