Sécheresse en Pyrénées-Orientales : anticiper les économies d’eau pour passer l’été

Ils n’ont pas le choix ! Face à une sécheresse sans précédent, tous les catalans, doivent économiser l’eau tellement précieuse pour passer l’été sans s’exposer à des coupures. Dans cette bataille économiquement vitale, les campings sont en première ligne.

Les campings du Roussillon (191  établissements, dont 71 % équipés de piscines) sont en ordre de bataille pour  faire face à la crise  majeure  qui touche le département. Faute de pluie depuis des mois, les ressources en eau ont atteint cette semaine des niveaux historiquement bas. Cette pénurie (il manque 300 mm de précipitations  par endroit) touche à la fois les nappes, superficielles ou profondes, les rivières, dont certaines sont à sec depuis des mois et les  grands barrages  de régulation qui sonnent creux. Pire ! La promesse, habituellement joyeuse des eaux de mars, celle de la fonte des neiges, ne sera que partiellement tenue cette année puisque le grand manteau blanc de l’hiver a été bien plus léger cette saison. « En 2021-2022, au sommet de la station nous avions reçu 4,75 m de neige. Cet hiver, c’est seulement 2,43 m  » témoigne Jacques Alvarez le directeur de la station de Font-Romeu. Face à ce constat et au danger réel de manquer d’eau aux heures les plus chaudes de l’année, le préfet des Pyrénées Orientales, Rodrigue Furcy a sonné la mobilisation générale pour économiser chaque goutte qui aura son importance un peu plus tard dans la saison. « La situation n’évolue pas dans le bon sens. Tous ensembles, il nous faut trouver une route pour éviter des mesures brutales qui pourraient avoir un impact économique considérable  » indique le préfet. 

La nécessité d’un tourisme éco-responsable 

Paul Bessoles, président de la fédération départementale HPA « La situation que nous vivons aujourd’hui est inquiétante. Mais la posture des autorités qui est de protéger les usages professionnels est de nature à nous rassurer. D’autant que les acteurs de l’hôtellerie de plein air s’engagent fortement à la fois par nécessité et par conviction personnelle. En amont, nous avions déjà fait un important travail sur la ressource en eau en quantifiant précisément nos consommations, en équipant par exemple nos forages de compteurs. Nous jouons la transparence dans cette situation. Les gérants investissent énormément  en ce moment pour  économiser la ressource et réutiliser l’eau. La prise de conscience est bien réelle. Et nous allons sensibiliser nos clients sur la nécessité de ne pas gaspiller.  Le tourisme sera durable ou ne sera pas  » poursuit-il en promettant un fort engagement de la profession dans l’avenir. A court terme, l’arrêté préfectoral qui limite les usages de l’eau n’a pas été modifié. L’arrosage, le remplissage des piscines privées, restent interdit. La chasse aux fuites est lancée dans une quinzaine de communes déjà sous tension pour la fourniture d’eau potable.

Ce déploiement pourrait permettre d’économiser entre 2 et 3 millions de m3 ce qui n’est pas rien. Rodrigue Furcy se donne une quarantaine de jours, jusqu’à la fin du mois d’avril, avant d’augmenter le niveau de contraintes et de basculer les Pyrénées-Orientales du niveau « alerte renforcée » dans la case ultime : celle de la crise. Les acteurs du tourisme font valoir leur faible consommation d’eau, un peu plus de 3 %  sur le département et l’impact économique et social de la filière sur l’économie catalane. De conséquentes pluies de printemps seraient de nature à sauver la situation.