Gard : des campings victimes de l’événement cyclonique cévenol
Le 19 septembre dernier, pluies diluviennes et montée subite et importante des eaux de l’Hérault et du Gardon ont eu, dans les vallées concernées, de graves conséquences sur quelques campings, lesquels avaient heureusement évacué leurs quelques clients.
Le 19 septembre dernier, pluies diluviennes et montée subite et importante des eaux de l’Hérault et du Gardon ont eu, dans les vallées concernées, de graves conséquences sur quelques campings, lesquels avaient heureusement évacué leurs quelques clients.
Dans les vallées encaissées du Gardon et de l’Hérault, plusieurs campings offrent un visage de désolation trois jours après la soudaine montée des eaux au moment du déluge (600 mm en six heures). « C’est allé très vite. Je suivais l’évolution du Gardon de Saint Jean en amont à Saumane. J’ai évacué les quatre familles qui campaient chez nous et une demi-heure plus tard, les premiers frissons de la lame d’eau arrivaient à notre hauteur. Puis ce fût une montée très rapide, jusqu’à trois mètres d’eau sur la quasi-totalité de notre aire de camping naturelle » explique Cédric Rossel, le propriétaire du Petit Baigneur, exploité sur une des berges de la rivière en amont de Saint-Jean-du-Gard qui coulait si peu avant le cyclone cévenol.
Des tonnes de bois charriés
Le passage de l’eau en furie a déposé sa marque de fabrique : des tonnes de bois flotté, de troncs, des branches des embâcles enchevêtrés sur trois mètres de haut, du limon jusqu’à un mètre, le bitume des allées découpé, et les blocs électriques à revoir. « On avait prévu de fermer au premier orage. La saison est terminée » poursuit le propriétaire transformé en bûcheron de circonstance. « Globalement, sur la quinzaine de campings qui se situent dans la zone impactée, six établissements ont été très fortement touchés. Mais les évacuations ont eu lieu au bon moment. Nous avons zéro victime et le système d’alerte et de prévention a globalement bien fonctionné » estime Gilles Rigole, vice-président HPA du Gard , qui entend tirer le positif de cette douloureuse expérience. A Anduze la ville a vu passer, à l’heure de pointe, 1800 M3 d’eau à la seconde (dix fois la Seine le même jour, pratiquement le même débit que la Seine lors de la grande crue de 1910). En aval, le camping du Mas des Chênes à Lézan a été totalement submergé. « On a pris entre 1,5 et 3 mètres d’eau et de boue. Tous les locatifs sont partis, nos deux chalets, nos douze mobile-homes, nos lodges. C’est l’apocalypse » s’exclame Christophe Fernandez et son épouse qui avaient déjà été sinistrés en juin dernier par une printanière colère du Gardon. « La première estimation de l’expert en assurances, c’est 800 000 € hors VRD. Car il va falloir tout refaire, les allées, les réseaux, un bloc sanitaire » poursuit Christophe Fernandez.
l’équivalent de plusieurs jours de précipitations en une journée
« Nous allons organiser un grand debriefing de cet épisode mais je peux d’ores et déjà vous confirmer que les établissements abonnés à Wiki-Prédict ont bel et bien reçu des messages : préalerte le vendredi soir à 16h00 puis plusieurs messages d’alerte progressive à partir de samedi matin ce qui permet d’anticiper les évacuations, les déplacements de véhicules ou de matériel sensible » explique Alix Roumagnac, le président de Predict-Services la principale société d’anticipation météo ; la firme développe son expertise auprès des collectivités et des hébergeurs touristiques. Alix Roumagnac note le caractère cyclonique de cet épisode, de type quasiment tropical avec une montée encore plus rapide des eaux. « 600 mm de pluie en 6 heures c’est du jamais observé en Cévennes. Habituellement ce sont des cumuls sur plusieurs jours » poursuit-il. « Effectivement, l’eau de l’ Hérault est montée très vite et très haut. C’était comme si on avait une deuxième rivière dans la partie basse de notre établissement, là où se trouvent le restaurant, l’accueil et un bloc sanitaire. Surtout, le pont séculaire qui donnait accès à notre camping a été endommagé et il est aujourd’hui encore, après cinq jours totalement impraticable par les véhicules, ce qui nécessite le nettoyage à la main » expliquent Saïda Dominici et Nicolas Silan qui avaient racheté ce camping familial de 41 emplacements au printemps 2020. Et qui ont essuyé une première montée des eaux en juin dernier. A Sumène, les Gorges de L’Hérault et à Anduze le camping le Bel Eté ont également été très durement touchés. Au pied des vallées cévenoles l’automne sera compliqué.
Catastrophe naturelle
L’arrêté de catastrophe naturelle pour inondations et coulées de boues du 19 au 20 septembre 2020 a été signé et publié au Journal Officiel le jeudi 24 septembre 2020. Il a été constaté pour vingt-trois communes du Gard : Anduze, Boisset-et-Gaujac, Cardet, Corbès, Estréchure (L’), Générargues, Lézan, Mandagout, Massillargues-Attuech, Peyrolles, Plantiers (Les), Ribaute-les-Tavernes, Roquedur, Saint-André-de-Majencoules, Saint-André-de-Valborgne, Saint-Jean-du-Gard, Saint-Julien-de-la-Nef , Saumane, Sumène,Thoiras, Tornac, Val-d’Aigoual, Vigan (Le) et quatre communes de l’Hérault : Cazevieille, Laroque, Saint-Mathieu-de-Tréviers.
En application du code des assurances, les administrés ayant subi des dommages ont désormais dix jours pour déposer auprès de leur compagnie d’assurance un état estimatif de leurs dommages, en vue d’obtenir réparation des préjudices subis.