Mobile-homes : où en est la déconstruction ?
Alors que vient de se terminer la saison 2013, L’OT fait le point avec Romain Grillet directeur d’ Eco MH sur l’état des lieux de la déconstruction des mobile-homes.
Alors que vient de se terminer la saison 2013, L’OT fait le point avec Romain Grillet directeur d’ Eco MH sur l’état des lieux de la déconstruction des mobile-homes.
En préambule, il n’est sans doute pas inutile de rappeler le principe de fonctionnement de cet éco organisme créé en 2010. Depuis quatre années donc, Eco-MH perçoit une contribution de 100 euros par mobile-home neuf vendu par les marques entrées dans la démarche (IRM, Louisiane, O’Hara, Rapidhome, Rideau et Trigano*). En contrepartie, Eco MH recueille auprès des campings les besoins de déconstruction de mobile-homes anciens, et les met en rapport avec les entreprises spécialisées dans la déconstruction et le recyclage des matériaux. Grâce à la contribution des fabricants, tout le processus de déconstruction est gratuit pour le camping qui souhaite remplacer un ou plusieurs de ses vieux mobile-homes.
- L’OT : Au terme de la saison 2013, où en est-on de la déconstruction ?
Romain Grillet : Nous avons déconstruit cette année 620 mobile-homes, ce qui représente une progression nette par rapport aux années précédentes (400 en 2012 et 150 en 2011). On progresse, mais ce n’est pas encore suffisant au regard du parc de résidences anciennes encore en service.
- Quelles informations tirez-vous de ces premières années d’expérience. Typologie des produits, régions, etc ?
La moyenne d’âge des produits déconstruits est de 27 ans, le plus ancien mobile—home traité datant de 40 ans ! En majorité il s’agit de résidences anglaises, à toit plat. Nous avons parfois de vraies surprises : des rajouts de murs de parpaings, à l’extérieur comme à l’intérieur… des rajouts de charpentes, élargissant la résidence. Nous avons même trouvé une cave creuse sous un mobile-home !
Sur le plan géographique, deux grosses régions sortent du lot : Paca et Nord Pas de Calais. Pour le reste on suit globalement la dynamique du marché du neuf, au détail près de deux régions qui déconstruisent peu par rapport au gisement qu’lles représentent : la Bretagne et le Languedoc-Roussillon.
- Vous reconnaissez que le chiffre de déconstruction est encore trop faible. Comment l’expliquez-vous ?
Notre concurrent c’est « Le bon coin » ! La démarche qui consiste à se débarrasser d’un vieux mobile-home en le vendant à petit prix en passant une petite annonce. C’est encore un acte réflexe, pour gagner 300 euros parfois. Et malheureusement un acte réflexe aussi de la part des professionnels. Alors que la prestation de déconstruction est gratuite, rappelons le. 100% des campings qui en ont bénéficié sont contents, mais il reste trop de campings qui ne connaissent pas ou n’y croient pas. Sans compter ceux qui n’achètent que de l’occasion et ne se tournent pas vers nous.
- La démarche est-elle justement aussi simple ?
Oui vraiment. Nous avons même développé notre service en créant quasiment un nouveau métier, celui de démolisseur récupérateur, sur site ! Pour les mobile-homes intransportables nous sommes désormais en mesure de faire place nette sur l’emplacement en 24 heures, sur simple rendez-vous. Je précise qu’aujourd’hui un tiers des démolitions se font sur place. Et tout cela sans frais je le répète.
- Côté chiffres, à combien revient normalement une démolition ? Et que deviennent les mobile-homes déconstruits ?
En moyenne le montant d’une déconstruction est de l’ordre de 720 euros. C’est ce que paie effectivement Eco MH à ses partenaires démolisseurs. Je précise que l’on recycle et valorise plus de 50% du mobile-home. Le bois et les déchets ultimes représentent un coût de destruction (40 à 150 euros la tonne) tandis que l’alu et les métaux ferreux, recyclables, sont revendus.
- Un message à faire passer aux professionnels ?
Je voudrais juste rappeler l’origine de cette démarche volontaire de toute la profession. Elle remonte au protocole de Royan, signé en 2006, dans lequel tous les acteurs de la profession se sont engagés dans cette démarche environnementale. Il s’agissait aussi d’une question d’image. En assurant la déconstruction et en limitant l’impact du produit sur la nature, la profession se mettait en position de mieux défendre le mobile-home face aux pouvoirs publics.
Le message reste donc le même : que chacun, parmi les professionnels, se sente responsable de la fin de vie des mobile-homes. Que des mobile-homes vraiment voués à la démolition terminent dans un fond de jardin pour quelques centaines d’euros ne sert pas la cause des professionnels, loin de là.
De notre côté nous travaillons à faire encore mieux passer le message, pour que chacun se sente concerné. Nous étudions aussi la possibilité de mettre en place des mesures incitatives, mais il est prématuré de les évoquer pour l’instant.
Renseignement, demande de prise en charge : 01.43.37.40.97
*Les marque Shellbox (Watipi) et Sun Roller, initialement dans la démarche ont aujourd’hui disparu