Face à la crise, les conseils d’experts

Cabinet de conseil et d’expertise comptable spécialisé en HPA, BDO redouble d’activité depuis le début de la crise liée à l’épidémie de Covid-19 et ses conséquences sur les campings. Comment appréhendent ils la situation et quels conseils prodiguent ils aux professionnels du secteur ?

«Financièrement, comment on fait pour passer  ? »  En  quelques mots, Olivier Gautron et Bruno Ravard nous résument la nature de leurs interventions auprès de leurs clients, et des autres établissements qui les contactent ! D’emblée il se veulent plutôt rassurants : « le camping n’est pas globalement, dans la même urgence de crise que d’autres secteurs. Ce qui nous permet de poser correctement les problèmes avant de nous projeter  ».

Le premier conseil donné consiste à stopper le paiement de tout ce qui peut l’être aujourd’hui au niveau des charges, impôts et taxes. «  Cela étant on demande à nos clients de payer leurs fournisseurs, de sorte que l’on entre pas dans un mal systémique qui fasse plonger toute la profession. A minima, négociez avec eux un décalage de règlement !  » L’idée, avec ces premières mesures est de conserver la trésorerie pendant la période d’incertitude moyenne. D’autant que l’on arrive normalement dans la période de rentrée des acomptes sur les résas enregistrées. 

« Dans la première phase de notre accompagnement, on s’efforce de faire prendre aux gestionnaires un peu de recul ; rester lucide et ne pas céder à la panique c’est primordial, et ça commence par un regard posé sur les engagements de dépense à venir qu’il s’agisse de matériel ou d’embauches.  »

Cette première approche de la situation effectuée, le cabinet engage ses clients dans une nouvelle démarche d’analyse et de projection, à travers trois scénarios prévisionnels adaptés» :

1. On considère le CA de avril à juin réduit à néant et on espère une belle haute saison
2. Idem, avec un haute saison affectée de -30% pour divers facteurs (pas d’étrangers, restrictions des vacances des français…), avec une variante à -50% pour les campings très dépendants des étrangers.
3. CA saison nul si l’on ne peut ouvrir les campings pour l’été 

Ces trois scénarios servent à envisager le niveau de trésorerie en fin de saison et le cas échéant déclencher sans attendre des actions de sauvegarde :

• Prêt garanti par l’ Etat
• Négociation avec les  banquiers d’une année blanche sachant que les campings peuvent déjà bénéficier du report de 6 mois.

« Notre idée est d’étudier posément les cas qui se présentent et de ne pas laisser les campings partir tous azimuts…  » évoquent les spécialistes de BDO. « Pour les campings qui travaillent déjà avec nous, ces scénarios s’intègrent dans le tableau de gestion que nous avons déjà établi pour le camping, et qui intègre son historique et des prévisionnels à trois ou cinq ans.  On visualise ainsi tout de suite, la situation et la trésorerie, pour envisager éventuellement une restructuration de la dette.  »

Continuer de se projeter

Le cabinet se refuse ainsi à toute vision trop court-termiste, envisageant même le cas échéant les capacités nouvelles du camping étudié à poursuivre son développement. «On veut qu’il continue de se projeter !  »

Projet, un mot tout sauf anodin dans la bouche de nos experts, lesquels au cœur de la crise, envisagent déjà la phase II de leur accompagnement des établissements.

« Viendra en effet le moment où les campings devront repenser leur stratégie, et la validité de leur projet initial. L’HPA a cet avantage dans le tourisme d’être assez franco-française, ce qui lui garantit un volant d’affaires limitant potentiellement la casse par rapport à d’autres secteurs touristiques. Mais des campings s’aperçoivent déjà qu’ils sont très (trop) dépendants des vacanciers étrangers…. On doit aussi envisager que cette crise bouleverse un peu la donne au niveau de la clientèle et génère de nouvelles attentes auxquelles il faudra répondre .»