Faut–il avoir peur de booking.com ?
Dans le secteur du tourisme, voilà plusieurs années que les géants du Net, français ou mondiaux, ont étendu leur domaine à l’hôtellerie de plein air, et qu’ils travaillent, en direct ou via d’autres acteurs plus spécialisés, avec des campings.
Dans le secteur du tourisme, voilà plusieurs années que les géants du Net, français ou mondiaux, ont étendu leur domaine à l’hôtellerie de plein air, et qu’ils travaillent, en direct ou via d’autres acteurs plus spécialisés, avec des campings.
La rumeur courait depuis un moment, et l’entrée effective de Booking sur le marché des campings espagnols depuis deux ans, puis l’intégration dans son site (voir ci-dessous) de ses premiers campings français, montre que ce n’était pas seulement une rumeur.Selon sa présentation en ligne, Booking.com enregistre chaque jour plus de 300.000 nuitées chez plus de 5.000 partenaires, ce qui donne une idée de la taille de cet opérateur.Une interface hôtelièreUne première remarque s’impose lorsque l’on utilise le site en français : son interface de réservation est principalement hôtelière et ne propose pas directement de campings.On peut choisir dans différentes fourchettes de prix, selon le nombre d’étoiles, l’équipement, mais pour le type d’hébergement les options sont: appartement, hôtel, chambre d’hôtes, auberge de jeunesse, complexe, résidence, motel et Bed [[[and]]]amp; Breakfast. L’absence de mention de l’hôtellerie de plein air montre que c’est une extension récente dans l’offre du site. En parcourant les différentes options, on constate que c’est dans la partie « complexe » que sont rangés les campings.Pascale Imboden, gérante-propriétaire du camping de Kerleyou (***, 100 places) à Douarnenez (Finistère) : « Nous travaillons avec Booking depuis peu, on y est en ligne depuis quelques semaines. On a pas mal de résas, une, deux ou trois nuits sur le hors-saison, avril, mai, juin, Nous l’utilisons pour toutes les périodes, s’il y a de la disponibilité. On met le nombre de locations qu’on souhaite, c’est très souple. Il n’y a pas de linéaire tenu absolument, en été nous les avons mis à la semaine, en ouvrant des périodes, et à la nuit le reste du temps. Il n’y a pas de minimum, et la commission est de 15% sur le montant de la résa.« Que des inconvénients »Pour Jean-Guy Amat, directeur du Yelloh Village Sérignan Plage (***, Sérignan, Hérault), les intermédiaires du Net comme Booking.com « n’ont que des inconvénients. Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir un mode de distribution historique qui fonctionne en direct, ce qui nous économise les 20 à 25% de commission que nous demandent les intermédiaires, agences de voyages et tour-opérateurs. L’arrivée d’Internet a permis d’étendre le système à la vente en ligne, d’aller en ce sens grâce à une société comme Ctoutvert qui avec Secureholiday a développé un modèle économique très peu coûteux pour les gestionnaires. Ça nous a permis de ne pas trop souffrir du déclin des agences de voyages et des TO, alors que la vente en ligne prend une part prépondérante de la distribution. »Les campings, observe-t-il, peuvent se vendre par des sites de chaînes, par des portails comme CampingFrance.com [NDLR: qui appartient au même groupe que L’OT], et tous les campings, petits ou grands, ont accès à une distribution en fonction de la disponibilité. « Cette information, qui a fait la force de Booking, la profession l’utilise. Nous avons pu nous exonérer de ce qui demain siphonnerait notre marge comme c’est arrivé à l’hôtellerie, qui doit verser 15 à 20% aux intermédiaires.il y a un risque de perdre notre indépendance et de voir baisser la valeur de notre fonds de commerce. On a tous intérêt à être vigilants et à freiner ces systèmes, Booking.com, TripAdvisor et autres. »« Une force de frappe très importante »Pour Étienne Page, directeur général de Thelis (Resa.net et Webcamp), « Booking a une force de frappe très importante, même si l’hôtellerie de plein air n’est pas son domaine. Ils ont réalisé une très forte progression dans ces campings espagnols – qui, ne l’oublions pas, sont assez différents des campings français, étant ouverts toute l’année. Ils sont arrivés dans plusieurs campings à représenter 30% de la commercialisation en basse saison. À ce niveau-là, la grande question ensuite est forcément: que se passerait-il pour ces campings si Booking leur demandait nettement plus de disponibilité en haute saison pour continuer à les vendre en basse saison? C’est un gros risque de toute manière de donner 30 ou 40% de son chiffre d’affaires, même en basse saison, à un seul acteur. » Dossier complet et témoignages dans l’ OTn°315 daté mai 2012