La cinquième étoile : l’arbre qui cache la forêt ?

Le projet de réforme du classement des terrains de campings, actuellement en cours d’élaboration, comporte une mesure-phare : la création d’une cinquième étoile.

Le projet de réforme du classement des terrains de campings, actuellement en cours d’élaboration, comporte une mesure-phare : la création d’une cinquième étoile.

Son objectif : tirer vers le haut l’hôtellerie de plein air. Mais à la lecture des premiers textes publiés, la question se pose : et si elle n’était finalement qu’un élément mineur du futur dispositif ?

L’actuel classement des terrains de camping datant de 1993 distingue quatre catégories d’établissements en fonction de leur niveau d’équipement et de fonctionnement. Les critères retenus sont, pour ne parler que des principaux, la superficie moyenne des emplacements, leur délimitation, les équipements communs, l’importance et le confort des équipements sanitaires, le gardiennage, mais pas les équipements de loisirs, si ce n’est les aires de jeux pour enfants.
Le 20 septembre 2007, dans le cadre de la préparation de sa loi de développement et de modernisation des services touristiques, le ministère du Tourisme a demandé aux syndicats représentatifs de la profession (FNHPA et Unaparel) de plancher sur une réforme du classement des terrains de camping et des parcs résidentiels de loisirs. Compte tenu de l’évolution de l’offre du secteur de l’hôtellerie de plein air, la profession s’est évidemment montrée très favorable à un projet gouvernemental visant à réformer le classement de l’ensemble des hébergements touristiques.
Le 17 janvier 2008, la FNHPA rendait une première copie sur cette refonte des classements des hébergements touristiques, précisant qu’elle ne souhaitait pas voir les normes du classement actuel qui régissent les campings aménagés de une à quatre étoiles trop bouleversées et que, parallèlement, elle préconisait la création d’une cinquième étoile qui imposerait à ceux qui souhaiteraient l’obtenir un certain nombre de « contraintes » supplémentaires : une surface moyenne par emplacement de 120 m² (contre 100 m² pour un quatre étoiles actuellement) avec une superficie minimale pour un emplacement de 100 m² (contre 80 m² pour un quatre étoiles), la présence d’un espace aquatique aménagé (plan d’eau, piscine), d’un terrain multi-activités, d’un bar-restaurant, d’un accès à Internet, d’une salle de bains pour bébé avec table à langer, de cabines avec douche et lavabo (une pour 100 emplacements), de sèche-cheveux (deux pour 100 emplacements), d’un point phone isolé dans la réception. Concernant tous les terrains classés (de une à cinq étoiles), la FNHPA souhaitait également l’autorisation d’aménager des emplacements de 35 m² (minimum) exclusivement destinés à accueillir des camping-cars. Ces emplacements seraient stabilisés et disposeraient d’un branchement électrique, d’un raccordement à l’eau et d’un système d’évacuation.
Enfin, la FNHPA demandait le maintien des Commissions départementales d’action touristique (CDAT) qu’il était question de supprimer.

Des premiers textes qui n’annoncent rien de bon

La loi de développement et de modernisation des services touristiques, promulguée le 22 juillet 2009, ne lève pour l’heure qu’un coin du voile sur la future procédure de classement des terrains de camping et parcs résidentiels de loisirs (cf. encadré). Et ne laisse rien augurer de très favorable pour la grande masse des campings français. En effet, en dépit des souhaits de la FNHPA, exit les CDAT et le texte instaure bel et bien la « privatisation » des procédures d’évaluation. Pour être classé, il faudra donc… payer. Consolation ? La démarche ne sera pas obligatoire (à l’instar de Camping Qualité). Mais quid de ceux qui ne la choisiront pas ? Ils resteront classés durant trois ans à leur classement actuel. Ensuite, c’est le flou. Entreront-ils dans la catégorie éminemment valorisante sur le plan commercial de camping « non classé » ?

Ou, comme l’article de la loi du 22 juillet 2009 en donne la possibilité, le classement deviendra-t-il obligatoire ? Sur la cinquième étoile, l’incertitude plane également. C’est  la grille d’évaluation élaborée par Atout France (groupement d’intérêt économique né du rapprochement d’Odit France et de Maison de la France et  placé sous la tutelle du ministre chargé du Tourisme) qui se chargera de définir les critères d’obtention de cette cinquième étoile et des autres. Heureusement, la réflexion sur l’élaboration de cette grille associe étroitement la FNHPA et l’Unaparel.
Enfin, comme il y a tout lieu de penser que les règles applicables à l’hôtellerie de plein air seront largement inspirées de celles s’appliquant déjà pour l’hôtellerie de plein toit, le classement obtenu par un camping sera valable cinq ans. Au terme desquels il faudra repasser devant « l’organisme évaluateur », moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.

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