Transmission d’entreprise: posez-vous les bonnes questions!

Par Cabinet BDO 18/08/2022

Les raisons sont multiples qui peuvent susciter chez un propriétaire de camping l’envie de transmettre son entreprise. On ne le dira jamais assez, une transmission réussie nécessite du temps et de l’anticipation tant pour régler l’incontournable dimension affective que pour optimiser fiscalement cette opération d’envergure. En quatre questions fondamentales, abordons la nécessaire stratégie pour aborder une transmission dans les meilleures conditions.

Les raisons sont multiples qui peuvent susciter chez un propriétaire de camping l’envie de transmettre son entreprise. On ne le dira jamais assez, une transmission réussie nécessite du temps et de l’anticipation tant pour régler l’incontournable dimension affective que pour optimiser fiscalement cette opération d’envergure. En quatre questions fondamentales, abordons la nécessaire stratégie pour aborder une transmission dans les meilleures conditions.

Introduction

Le marché de l’hôtellerie de plein bouge énormément. Tous les mois on apprend la cession de tel camping ou de tel groupe de camping et souvent pour des valeurs qui peuvent paraître exorbitantes.

De plus, ce que nous venons de vivre depuis deux saisons avec la pandémie, ajouté à la panoplie de contraintes supplémentaires auxquelles sont confrontés les exploitants et enfin l’âge moyen des dirigeants de terrain de camping peuvent amener à se poser des questions quant à la cession de leur terrain. Mais ces gestionnaires concernés par une prochaine transmission de leur activité doivent, dès aujourd’hui, songer à bâtir une stratégie afin de créer un cadre optimisé pour leur futur repreneur mais également pour eux.

A tout moment, vous pouvez être amené à vous séparer de votre camping : opportunité, retraite, difficultés, changement de vie personnelle. Mais avant de franchir le pas, il est important de prendre le temps de la réflexion, car tous les professionnels s’accordent à dire qu’il est impératif d’anticiper sa transmission. La stratégie à adopter dépend du projet futur du vendeur mais également du profil du futur acquéreur.

Vous pouvez vouloir transmettre votre camping dans un cadre familial ou céder votre activité à un tiers, les enjeux sont différents. En effet, transmettre son activité à son enfant ou à un tiers n’est pas sans conséquences sur le plan fiscal, juridique et patrimonial. Il vaut donc mieux mettre toutes les chances de son côté et ne pas laisser le hasard ou la précipitation décider à votre place. Le projet doit être envisagé suffisamment tôt, trois à cinq ans, afin de réunir tous les facteurs clés de succès.

Préparer sa transmission, c’est également s’interroger sur son avenir professionnel et personnel et surtout sur sa capacité et sa volonté à transmettre. Ce dernier point n’est pas à négliger, «l’affect» prenant souvent le pas sur la raison. Il ne suffit pas de vouloir transmettre, il faut l’accepter : « Transmettre, c’est savoir laisser la manœuvre à un nouveau capitaine. »

Quoi qu’il en soit et dans tous les cas, vous parlerez de fiscalité, d’anticipation, de patrimoine et d’avenir et il vaut mieux être bien accompagné afin de prendre le recul nécessaire pour une bonne réflexion. Il est donc essentiel d’avoir une démarche structurée pour optimiser au mieux l’opération et se poser les bonnes questions. Elles sont au nombre de quatre.

Un dossier réalisé par Olivier Gautron et Bruno Ravard, experts-comptables et conseils ( WWW.BDO.FR )

Question 1: Suis-je prêt à me séparer de mon camping ?

L’objectif de cette première réflexion personnelle consiste en une prise de recul et une approche très psychologique (voire intimiste) de la démarche de transmission.

Elle vise à identifier les motivations réelles qui poussent à la transmission pour s’assurer que la stratégie définie plus tard est en phase avec ses motivations profondes. Passer de l’idée de transmettre à sa concrétisation implique de se poser un ensemble de questions, qui vont bien au-delà de la valeur de l’entreprise ou de l’optimisation fiscale. Avant de traiter ces deux aspects, vous devez tout d’abord répondre à la question : êtes-vous prêt à passer les rênes ? Cette question peut paraître incongrue mais, dans les faits, se séparer de son camping n’est pas si facile. Car, pour beaucoup, cette activité, c’est aussi votre vie, votre maison, votre famille. La dimension humaine et affective est loin d’être négligeable. Pour certains d’entre vous, il faut accepter l’idée que l’entreprise peut continuer sans vous. Une autre problématique pour le cédant consiste à s’interroger sur l’après-entreprise. Se pose également la question des revenus du foyer. En cas de départ en retraite, quel sera son montant? Faudra-il envisager des compléments de revenus ?

Pour réussir une transmission, il faut se donner le temps de la réflexion et surtout avoir une réelle volonté de transmettre non seulement son entreprise, mais aussi son autorité et son pouvoir à un successeur. L’aspect psychologique est important et, avant d’aller plus loin dans votre projet, vous devez vous interroger. Quelles sont les raisons qui me poussent à transmettre ou céder mon exploitation ? À qui ? Et quoi ? Le fonds de commerce, les titres, l’immobilier ? Comment, quand ?

Question 2: Ai-je une vision réaliste de mon exploitation ?

Une fois passée cette première phase à dimension essentiellement psychologique, les questions sur les modalités de la transmission vont surgir. En premier lieu, vous devrez définir clairement ce que vous vendez, et être réaliste !

Cela passe par un diagnostic technique du camping, pour recenser ce qui le rend attractif ou, au contraire, peut faire fuir un repreneur. Très important, le diagnostic devra être objectif et sans concession. Sur ce point, un œil extérieur présentera assurément  davantage de garanties. L’objectif du diagnostic est multiple. Recenser les atouts de votre camping : son fichier clients, sa rentabilité, son emplacement, sa taille, son offre, son référencement, tous les éléments qui pourront être mis en avant lors de la négociation avec un éventuel repreneur. Mais l’identification des points faibles ne doit pas être négligée : taux d’occupation insuffisant, clientèle volatile, mix emplacements pénalisant, parc d’hébergements vieillissant, rentabilité limitée, e-réputation défaillante, risques environnementaux présents.  Autant de points qu’il conviendra d’analyser pour mieux envisager les actions correctrices à mettre en place pour renforcer l’attrait de l’entreprise avant sa transmission.

Il est impératif de connaître la situation réelle de l’entreprise : ses points forts et ses points faibles, car lors de la négociation du prix, vous pourrez en avoir besoin pour valoriser votre exploitation ou défendre vos intérêts avec des éléments concrets. Il serait donc préjudiciable d’omettre cette étape. Vous devez effectuer un diagnostic de l’état de santé de l’entreprise en prenant en compte tous les aspects psychologiques, humains, économiques, fiscaux et juridiques.

Cette analyse de l’environnement interne et externe (dirigeants, salariés, organisation, produits, marchés, cibles, partenaires) vous permettra notamment d’avoir une vision réaliste de votre camping afin de déterminer sa juste valeur et l’optimiser, le cas échéant, en mettant en avant son potentiel.

N’oublions jamais que dans un marché des transactions tendu (il y a toujours aussi peu de terrains de camping à vendre au regard des acheteurs) la valeur de votre terrain sera toujours importante et donc un acquéreur potentiel voudra toujours mettre en avant les insuffisances qu’il aura constatées pour négocier le prix à la baisse.

Question 3: Combien vaut mon camping ?

Voilà une question que se pose tout bon gestionnaire. Mais attention, avant de s’engager vers l’épineux dilemme du choix des méthodes de valorisation spécifiques à l’HPA, il convient de faire un arrêt sur image sur une problématique de pure sémantique : ne confondez pas valeur et prix.

Au cours de ce troisième épisode, nous nous intéresserons uniquement à la notion de valeur. Le prix de cession de votre camping ne sera, quant à lui, généralement déterminé qu’au terme d’une âpre négociation argumentée face au repreneur. Le travail de fond réalisé lors de l’étape précédente prendra alors tout son sens. N’oublions pas que les méthodes de valorisation ne sont issues que de calculs arithmétiques. Ces valeurs ne sauraient se substituer à la loi de l’offre et de la demande qui fixe au final le prix !

Il est à noter que, en ce qui concerne les transmissions familiales par donation, cession ou succession, la notion de prix n’existe généralement pas puisqu’il n’y a pas de phase de négociation, la valeur de transmission étant fixée à concurrence de la valeur respectivement déterminée par le donateur, cédant ou un professionnel mandaté à cet effet.

Pour les néophytes, appréhender les méthodes de valorisation relève du chemin de croix ; dès lors, le recours à un expert-comptable spécialiste du secteur est nécessaire, voire incontournable. Souvent, les méthodes très généralistes et empiriques n’ont aucune substance. Elles ne sont ni objectives ni réalistes. L’exercice d’évaluation relève d’un travail de fourmi. Compte tenu de la valeur moyenne des terrains de camping, appréhender la juste valeur est indispensable : vendre trop cher son exploitation risque d’hypothéquer, d’une part, la liquidité de son affaire et, de surcroît, sa pérennité avec un poids de la dette disproportionné par rapport aux moyens des repreneurs éventuels. Attention, le cœur oublie parfois la raison. Rappelons encore, qu’une évaluation externe permettra d’avoir une idée plus précise de la valeur de l’entreprise.

Question 4: Comment optimiser ma transmission ?

Nous voici au cœur du sujet. Celui où il serait de bon aloi de divulguer des solutions miracles et universelles. Mais de telles solutions existent-elles ?

Il faut hélas se rendre à l’évidence, les évolutions législatives de ces dernières années, ont grandement contribué à réduire les effets optimisant des stratégies patrimoniales permettant de gommer toute fiscalité lors d’une transmission, que ce soit dans le cadre de transmission familiale, comme dans le cas de cession classique. Quelques nouveautés apparues avec  la loi de finances pour 2022 nous donnent quelques marges de manœuvres nouvelles. Il existe également des montages et techniques permettant de limiter dans des proportions conséquentes, le poids de la fiscalité et favorisant une transmission ou un réemploi de plus-value dans le cadre d’une reprise d’activité post cession. Mais attention, toutes les solutions évoquées ne sont pas universelles. A chaque dispositif correspond une situation bien précise qui n’est pas forcément reproductible pour chaque cas. Votre situation de famille, votre âge, vos besoins de trésorerie et vos projets d’avenir sont autant de paramètres à prendre en considération pour orienter votre stratégie patrimoniale.

Ce chapitre est en fait divisible en deux questions :

« Comment transmettre mon camping à mes enfants ?» répondra à la question que se posent bon nombre de gestionnaires et parents susceptibles de partir à la retraite à moyen terme, et souhaitant voir l’entreprise familiale perdurer.

« Comment optimiser la cession de mon camping ?»  suggère des préconisations et un plan d’actions répondant notamment à d’autres interrogations dont les suivantes:

  • Quels sont les dispositifs me permettant de reprendre une activité en réinvestissent la plus-value issue de la cession de mon camping ?
  • Existe-il des dispositifs permettant de limiter ma plus-value en cas de départ à la retraite ?
  • Puis bénéficier d’une exonération lors de la cession de mon fonds de commerce… 

Conclusion

A travers les quelques pages de cet article, nous avons mis en en évidence que la transmission d’entreprise est une opération complexe et longue à mettre en œuvre. Valider sa démarche, la structurer, procéder par étapes clairement identifiées et bénéficier d’un accompagnement technique tout au long de ce processus sont des atouts indéniables pour réussir sa transmission et ainsi envisager de démarrer sereinement une nouvelle vie. 

Nous vous recommandons

Dans la même catégorie

dossiers

LABELS ET CHARTES ÉCORESPONSABLES : comment s’y retrouver ?

L’engagement dans une démarche environnementale passe très souvent par une « officialisation » via un label, une charte éthique ou une marque écoresponsable, afin d’être reconnu par le grand public comme par les pouvoirs publics. Pas facile de s’y re trouver dans un paysage environnemental qui contient une dizaine de marques et labels. Tour d’horizon….

Par Jean-Guilhem de Tarlé 26/10/2022
dossiers

Santé au travail : Les évolutions du Document unique

Au centre de la loi du 2 aout 2021 relative à la santé au travail Le Document Unique d’Evaluation et de Prévention des risques professionnels (DUEPRP) évolue et modifie les obligations de l’ employeur. Des détails à prendre en compte. Par Martine Barbier, Docteure en droit, Directrice Formation-Social PartenairesConsulting

Par Martine Barbier-Gourves 24/08/2022
dossiers

de 1 à 4 chambres: le mobile-home répond à tous les besoins des campings

La difficulté à s’équiper en mobile-homes pour la saison 2022 n’empêche pas de se renseigner pour la saison suivante, sur les gammes de nos constructeurs nationaux.  Dans des cellules de 20 à 40 m², les constructeurs déclinent aujourd’hui une offre particulièrement riche avec des modèles de une à quatre chambres pouvant répondre aux besoins de toutes les typologies de clientèle, du couple à la famille (très) nombreuse. Ils ont aussi la particularité de proposer des produits répondant à différents standings pour un même camping, haussant notamment le niveau de prestations au fil des années. Tour d’horizon…

Par Bruno Lacroix 23/02/2022
dossiers

Campings français : le bilan de la saison 2021

Un ascenseur émotionnel permanent. C’est ainsi que les gestionnaires de camping résument cette saison 2021 qui a priori ne pouvait pas être pire que la précédente. Si d’un point de vue comptable, elle s’est révélée plutôt bonne voire meilleure que 2020 et 2019, elle a été malgré tout compliquée à piloter. On retiendra un lancement de saison stressant en raison de la situation sanitaire, des étrangers qui sont revenus mais moins nombreux qu’en 2019 (sauf les Britanniques, quasiment absents). Des Français qui eux étaient bien là, surtout en août. Et surtout une météo très défavorable pour le camping, en particulier dans la moitié nord de la France. Ah oui, on oubliait : on retiendra tout particulièrement la difficulté constante à trouver du personnel pour travailler sereinement…

Par La rédaction 20/10/2021