Qui sont les nouveaux déclassés de l’HPA ?

Par OTC 05/04/2013

Parmi les conséquences de la réforme du classement, la cinquième étoile a monopolisé toutes les attentions ou presque. Mais depuis le 23 juillet dernier (date à laquelle on ne peut plus afficher son ancien classement), un constat s’impose : l’arbre des cinq étoiles a finalement caché la forêt des 3 400 non-reclassés. Focus sur ces nouveaux campings déclassés de l’HPA

Parmi les conséquences de la réforme du classement, la cinquième étoile a monopolisé toutes les attentions ou presque. Mais depuis le 23 juillet dernier (date à laquelle on ne peut plus afficher son ancien classement), un constat s’impose : l’arbre des cinq étoiles a finalement caché la forêt des 3 400 non-reclassés. Focus sur ces nouveaux campings déclassés de l’HPA

Les non-classés

Enquête

La réforme du classement des campings devait, entre autres, permettre aux établissements de l’hôtellerie de plein air de monter en gamme. Ou au moins se remettre à niveau. Elle a aussi laissé en marge plus de 3 000 terrains.

Nombre de terrains ont profité des nouvelles normes pour réinvestir, proposer davantage de services pour conserver leurs étoiles, voire pour en gagner. Mais la réforme du classement aura surtout eu comme effet (inattendu ?) de créer une nouvelle (sous-) catégorie de campings : les non-classés. Une catégorie qui n’existait pas avant la réforme puisque tous les campings devaient être classés pour exister. Depuis l’échéance du 23 juillet 2012, on le sait, tous les campings qui ne sont pas reclassés perdent leurs étoiles. C’est donc le deuxième effet reclassement. Avec pour bilan 3 400 établissements qui, aujourd’hui, se retrouvent sans étoiles, mis de côté dans la grande famille de l’hôtellerie de plein air. Une catégorie qui ne peut pas être balayée du revers de la main : elle représente 40% des 8 557 campings français ! C’est d’ailleurs la première catégorie de campings (voir notre infographie ci-dessous), loin devant les trois étoiles (25%) et les deux étoiles (18%). Quels sont ces établissements qui ont décidé volontairement de ne pas bouger ou qui n’ont pas pu se reclasser? Où sont-ils situés ? Quels étaient leurs anciens classements ? Pourquoi ont-ils laissé passer le train du reclassement? Voilà autant de questions qui méritent d’être posées. D’autant que pour eux, la perte du classement n’est pas sans conséquence. On le sait, le nombre d’étoiles est signe d’un positionnement marketing, surtout quand on n’est pas affilié à une marque (chaîne ou groupe). Peut-on en dire autant du positionnement « sans étoiles » ? Pas vraiment. Dans l’imaginaire collectif, le non-classement signifie déclassement. Bref, que l’établissement n’est tout simplement pas aux normes. Qu’il est peut-être même à la limite de la légalité…

NC, deux lettres qui pénalisent_?

Affublés dans les guides de campings de la mention NC (non classé) et non plus « en cours de classement », les terrains sans étoiles se placent de fait en dessous de la catégorie low cost des une étoile. Certes, certains terrains vont tenter de jouer malgré tout la carte « non-classé » comme étant celle de l’anti-système, de l’anti-classement. Encore faudra-t-il qu’ils aient une marque forte à faire valoir pour sortir du lot. Sans quoi, il sera pour eux très difficile de mettre en place une commercialisation visible et pertinente. D’ailleurs, on voit mal les brochures des CDT mettre en avant ce type d’établissements.

Autre conséquence de la perte des étoiles pour un camping : l’augmentation du taux de TVA. Contrairement aux hôtels non classés, les campings non classés subissent le taux maximum (19,6% et bientôt 20% contre 7% pour les établissements classés). Un effet boomerang qui risque d’étrangler un peu plus ces structures commerciales.

Les campings municipaux à la traine

Qui sont ces terrains non reclassés ? Essentiellement des petits campings anciennement classés une ou deux étoiles, pourrait-on résumer.

Parmi les 3 425 campings non reclassés (chiffres arrêtés début février), on compte 1 004 campings ex-une étoile (29%) et 1 723 ex-deux étoiles, soit 50%. Autre point commun : ils sont petits, voire très petits : 57% ont moins de 50 emplacements. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ils ne sont pas tous municipaux. On n’en compte « que » 42% contre 51% de campings privés et 7% de campings associatifs. Ce qui n’est pas illogique étant donné qu’il y a trois fois plus de camping privés que de municipaux. En revanche, on constate que près de 70% des municipaux ne sont pas reclassés ! A croire que les maires ne se sentent pas concernés par le dossier. Plusieurs d’entre eux nous ont même fait part de leur ignorance en ce qui concerne la réforme du classement. Croyant que c’était une plaisanterie n’y a pas que des terrains qui étaient auréolés d’une ou deux étoiles. On recense 468 ex-trois étoiles et 65 ex-quatre étoiles. Ce qui explique en grande partie pourquoi il y a 22% de terrains non classés équipés d’une piscine ! On peut légitimement imaginer qu’ils vont se reclasser assez rapidement. Selon Atout France, plus de 800 campings (parmi les 3 425 non-classés) ont engagé une procédure de reclassement pour être audités dès l’ouverture de la saison. Sans doute qu’une grande majorité des 533 ex-quatre et cinq étoiles en fait partie. Reste à savoir ce que vont devenir les autres.

Trois questions à Guylhem Féraud

Le président de la FNHPA, Guylem Féraud reste optimiste face au taux de campings non reclassés. Il nous donne les clefs pour mieux comprendre ce phénomène et l’imaginer dans quelques années.

40% de campings non reclassés, c’est un bon chiffre ?

A contrario, il y a 60% de campings reclassés. Il me semble que c’est un bon résultat car dans les faits, les terrains ont eu seulement deux ans pour se reclasser. La FNHPA s’est impliquée jusqu’au bout pour pousser les campings à se reclasser. D’ailleurs, à la lueur des chiffres deL’OT,seulement 24% des emplacements de l’HPA ne sont pas reclassés. Et parmi les adhérents à la FNHPA, il y a entre 75 et 90% de campings reclassés. Nous avons fait notre travail.

Pensez-vous que le taux de 40%de non-reclassés va rester en l’état à l’avenir ?

Il va se réduire lentement. Et je pense que d’ici quelques années, il se situera autour de 30%. Certains comptables de camping (à gestion privée) vont prendre conscience de l’augmentation du taux de TVA pour les établissements non reclassés. Certains vont disparaître (surtout

des petits), sous le poids des charges et des nouvelles réglementations (normes pour l’accessibilité, insertion paysagère ). A terme, moins de 20% des emplacements de campings ne seront pas reclassés.

42% des non-reclassés sont municipaux, que vont-ils devenir ?

Nous avons constaté au cours des réunions que nous avons consacrées au reclassement que les campings municipaux n’étaient pas intéressés par le sujet. Il faut dire que nombre d’entre eux ne s’estiment pas assujettis à la TVA. Et leur dire:« Attention, si vous ne vous reclassez pas, vous allez subir la TVA à 19,6% et non à 7% »n’est pas un argument qui les motive. Le reclassement n’est pas la première des préoccupations des maires, donc je pense que la majorité des campings à gestion publique qui ne sont pas reclassés va rester en l’état.

Ils ne sont pas reclassés

Jean Moullet, maire de Séderon (300 habitants) dans la Drome et un gestionnaire de l’ouest de la France témoignent.

Jean MOULLET, camping municipalLes Biaux,26 emplacements, Séderon

« JE N’AI JAMAIS ENTENDU PARLER DU RECLASSEMENT »

Concernant les nouvelles normes pour le reclassement des campings, je ne suis pas au courant. Vous me l’apprenez. Le seul document que j’ai, c’est un arrêté de la préfecture de 1995 qui nous a classés deux étoiles tourisme. La Commission de sécurité est passée, nous avons quatre mobile-homes et avons redonné une nouvelle jeunesse au camping. C’est tout. Pour la saison prochaine, nous venons de trouver un gérant pour le camping.

Gestionnaire anonyme d’un camping (ex-quatre étoiles) de l’Ouest de la France.

« PAS RECLASSÉ POUR DES QUESTIONS FAMILIALES »

De gros différends familiaux dans la gestion du camping freinent le développement du terrain. On a même laissé passer le train du reclassement. Nous n’étions pas d’accord sur différents dossiers dont le choix de l’hébergement PMR. Nous avons donc perdu nos étoiles. Nous les avons retirées de notre site Internet et de notre brochure avant la fameuse date du 23 juillet… Je suis conscient que cela nous pénalise dans la commercialisation, mais je suis bloqué par une partie de ma famille. Nous n’avons pas encore engagé les démarches de reclassement. J’espère pouvoir le faire pendant la saison. Je pense même que nous allons demander un classement deux étoiles. En attendant, nous allons payer la TVA à 19,6% pour la partie post 23 juillet 2012. Je le regrette, mais c’est comme ça.

Non-reclassés : dans quels départements et quelles régions ?

Entre la Vendée, championne du reclassement des campings et les Côtes-d’Armor qui finissent à la traine. Focus sur ces départements et régions qui obtiennent…ou pas la meilleure note.

PLUTÔT DE BONS ÉLÈVES

Les quinze départements qui abritent le plus de campings sont plutôt de bons élèves. A deux exceptions près, ils ont un taux de non-reclassés meilleur que la moyenne nationale qui s’élève à 40%. Mention spéciale pour la Vendée. Alors que ce département compte le plus grand nombre de campings, c’est lui qui enregistre le meilleur taux de reclassés (86%) ! Toujours parmi les quinze « gros » départements campings, la Dordogne se glisse en deuxième position. Elle n’a que 20% de non reclassés, juste devant Les Landes et les Pyrénées-Orientales (22% de non-reclassés). Dans ce Top 15, la part des reclassés oscille entre 61 et 86% pour treize départements. Les Côtes-d’Armor et le Pas-de Calais sont en revanche à la traîne avec des résultats moins bons que la moyenne nationale : respectivement 43 et 53% de non-reclassés.

PAYS DE LA LOIRE : SEULEMENT 23% DE NON-CLASSÉS

Parmi les grandes régions de l’HPA, Rhône-Alpes se distingue défavorablement puisqu’elle compte près de 400 campings non reclassés sur 889, soit 45%. La première région de France par le nombre de campings affiche un taux de cinq points supérieur à la moyenne nationale. A l’inverse, la région Pays de la Loire peut se féliciter d’avoir seulement 23% de ses campings non reclassés. C’est la meilleure élève, juste devant l’Aquitaine (26%) et le Languedoc-Roussillon (29%). Si Midi-Pyrénées se situe dans la moyenne nationale avec 40% de non-classés, en revanche le Nord/Pas-de-Calais et l’Auvergne ont un taux de non-classés supérieur à 50%.

NON-RECLASSÉS : 87% ONT MOINS DE 100 PLACES

Très majoritairement classés une et deux étoiles avant les nouvelles normes, les campings non reclassés sont (sans surprise) de petits établissements. Parmi les 3 425 terrains, près de 2 000 ont moins de 50 emplacements Et si l’on pousse le curseur à 100 places, on en compte près de 3 000, soit 87% de la catégorie. On comprend mieux pourquoi les non-classés qui concentrent 40% des campings français n’abritent que 24% des emplacements en France. A l’inverse, seulement 492 campings ont plus de 100 emplacements.

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