Le traitement des ordures ménagères

Par Olivier Cottier 27/11/2012

Le traitement des ordures Le traitement des ordures ménagères constitue une charge importante pour un camping. Les contraintes sont nombreuses et le prix de la redevance à acquitter est unanimement jugé trop élevé. A ce jugement s’ajoute un véritable malaise lié à l’opacité de son calcul au point que, dans certaines régions, les campings ont opté pour l’autogestion.

Le traitement des ordures Le traitement des ordures ménagères constitue une charge importante pour un camping. Les contraintes sont nombreuses et le prix de la redevance à acquitter est unanimement jugé trop élevé. A ce jugement s’ajoute un véritable malaise lié à l’opacité de son calcul au point que, dans certaines régions, les campings ont opté pour l’autogestion.

La redevance, pas toujours équitable

Selon la loi «la redevance doit être calculée en fonction du service rendu, et appréciée compte tenu des charges fixes qu’entraînent le service et la comparaison entre les divers bénéficiaires de ce service ». En clair,la redevance que versent les campings pour le ramassage et le traitement des ordures ménagères doit être calculée en fonction de la quantité produite, mais aussi en fonction des contraintes propres aux campings, comme la saisonnalité.

Les campings sont soumis au même régime que l’ensemble des commerçants. Contrairement aux particuliers qui payent une taxe incluse dans les impôts locaux, ils versent une redevance annuelle, qui peut être calculée de trois manières. On peut utiliser le pesage, a priori le mode de calcul le plus juste mais pas forcément le plus facile à mettre en œuvre. Autre méthode plus courante, la redevance est calculée en fonction du volume, en clair du nombre de containers collectés. Enfin, sur certains campings, Il peut s’agir d’un forfait par emplacement.

Voilà pour la théorie. Dans les faits, municipalités ou communautés de communes et patrons de campings ne sont pas toujours sur la même longueur d’ondes et les griefs des seconds sont toujours plus ou moins les mêmes et ce, quelles que soient la taille du camping et la région. Pour Pascal Fénié, gestionnaire des Grands Pins à Lacanau, « les collectivités ne comprennent pas la plupart du temps nos contraintes ». Beaucoup de campings se plaignent de devoir payer une redevance « brute de décoffrage » calculée sur un an, sans tenir compte du fait qu’ils ne sont ouverts et ne produisent des ordures ménagères que six à huit mois au maximum.

 

 

Des disparités inégales sur le territoire

Dire qu’il existe des disparités entre les régions est un doux euphémisme. En effet, d’une région à l’autre, d’un département à l’autre, d’une communauté de communes à l’autre, voire même au sein d’une même communauté de communes,la cohérence est loin de régner. 

Patricia Poudou de la fédération Languedoc Roussillon abonde dans ce sens et attribue cette cacophonie au mode de calcul de la redevance. « Pour limiter les disparités, il faudrait adopter le même mode de calcul à tout le monde. Par exemple, en Languedoc-Roussillon, les premiers payent au poids, d’autres au volume (au container en fait) et les derniers versent un forfait par emplacement. Mais là encore, on frise le ridicule dans la mesure où certaines municipalités ou communautés de communes, au moment de calculer le forfait, font la distinction entre emplacements locatifs et emplacements nus, estimant que les premiers produisent davantage de déchets que les seconds.

Autre mode de calcul intéressant, celui de la Communauté d’agglomération de La Rochelle qui calcule la redevance à l’emplacement mais en modulant le tarif en fonction de la période de l’année. Ainsi , pour prendre l’exemple de Port Punay, le camping de Raymond Moreau à Châtellaillon-Plage, on peut aller du simple au double netre la basse et la haute saison : de 1,2 € par emplacement et par semaine en juin ou septembre, jusqu’à près de 2.5 € en juillet et août .Un tarif qui tombe à 0.57€ hors saison.

Diminuer la note, c’est possible !

containers enterrés

Plusieurs solutions s’offrent à vous pour faire des économies.  La première consiste à prendre votre bâton de pèlerin et d’aller négocier avec la commune ou la communauté de commune afin de faire réviser le mode de calcul de la redevance.

Autre possibilité : faire appel, vous-même, à un opérateur privé qui se chargera de votre collecte. Dans ce cas, n’hésitez pas à faire jouer la concurrence. Troisième possibilité, vous charger vous-même de la collecte et de l’acheminement au centre de traitement. Ça peut marcher comme le prouvent deux exemples, celui de Gaston Portefaix qui a acheté sa propre benne de collecte, divisant par dix sa note, avec un amortissement en cinq ans de son investissement. L’autre exemple probant étant celui de l’île d’Oléron (lire par ailleurs).

Enfin, l’autre manière d’alléger la note, quel que soit le mode de calcul choisi, consiste à diminuer la quantité d’ordures ménagères à collecter. Ainsi, Sander Van Booren, patron du Domaine de Chaleyron, a pu faire de réelles économies, à l’échelle de son camping (30 emplacements), en installant deux bennes à compost qui lui permettent de recycler tous les déchets végétaux ménagers.

Pascal Fénié, aux Grands Pins en Gironde, dont la redevance est calculée au container, vient d’investir 10 000 € dans un broyeur et espère diminuer ainsi de un tiers, voire de la moitié, le volume d’ordures collectées. L’autre étape sera un compacteur pour les emballages.

La collecte : une évolution des mentalités

tri des ordures

Malgré les imperfections, les dérives éventuelles et le sentiment d’une énorme cacophonie, le système de collecte actuel des ordures ménagères a eu le mérite de faire très nettement évoluer les mentalités et les façons d’agir, du côté des gestionnaires, comme de celui des clients des campings.

Chez les gestionnaires, il a entraîné un changement dans les comportements. Raymond Moreau, patron du Port Punay en Charente-Maritime, ou Richard Chalvet de L’Ardéchois, tiennent le même discours. « Pour l’approvisionnement de nos restaurants, nous privilégions les conditionnements en vrac ou en grande quantité, le produit étant facilement « portionnable » par la suite. Cette seule démarche nous a permis de diminuer quasiment de moitié la quantité d’emballages à recycler.» Dans le même esprit, certains campings en terrain boisé recyclent leurs déchets végétaux en les utilisant pour chauffer tout ou partie de leurs locaux (piscine, restaurant, réception, etc.).

Le seul frein étant le montant de l’investissement à réaliser. D’autres techniques commencent à être évoquées mais restent difficilement applicables à un camping, du moins à un tarif raisonnable, comme la méthanisation. Aux dires des responsables de la FNHPA, c’est encore un peu tôt… affaire à suivre. Par effet induit, les efforts d’adaptation des gestionnaires ont amené les clients à se sensibiliser au problème des déchets. Le principe du tri sélectif suggéré, voire imposé, dans certains établissements,  est entré dans les mœurs ou du moins est en passe de l’être.

L’exemple de l’île d’Oléron

collecte des ordures

Un conflit avec la communauté de communes d’Oléron a conduit plus de la moitié des campings oléronais à se fédérer pour mettre en place leur propre système de ramassage. Après trois saisons de fonctionnement, le bilan est plutôt satisfaisant et plus de la moitié des campings de l’île participe à l’opération.

L’augmentation exponentielle des tarifs de ramassage des ordures ménagères entre 2004 et 2007 (150 à 200%)  a fait partie des événements qui ont conduit une partie des campings oléronais à faire sécession et à mettre sur pied leur propre système de ramassage à partir de 2008. Après une saison de rodage durant laquelle le ramassage a été sous-traité auprès d’une société privée, l’Association oléronaise de l’hôtellerie de plein air (AOHPA) a mis en place son propre système de collecte avec son propre matériel et ses propres circuits.

Comment ça marche ?

En clair, l’AOHPA a mis sur pied toute l’infrastructure permettant la collecte des ordures ménagères dans les campings. Cela passe d’abord par la location d’un camion (contrat sur trois ans) et l’embauche à l’année d’un chauffeur qui assure la tournée de ramassage toute l’année. Durant la saison, un second camion plus gros est également  loué. Par ailleurs, l’association s’est rapprochée du Groupement local d’employeurs du pays de Marennes-Oléron (Glemo) pour l’embauche de deux chauffeurs supplémentaires et de deux ripeurs (qui chargent les containers) pour pouvoir faire tourner les équipes.

Cette organisation permet, durant la saison, un ramassage quotidien des ordures ménagères. Les plastiques sont collectés trois fois par semaine et les verres deux fois. Enfin, les camions passent trois fois par mois pour les cartons et une fois pour le papier.

Combien ça coûte ?

Le budget « ordures ménagères » annuel de l’AOHPA est de 300 000 € et l’adhésion coûte en moyenne à chaque camping 45 € par emplacement par an. Ce tarif inclut la fourniture par l’association de sacs de pré-collecte distribués aux clients afin de réaliser un premier tri. Par ailleurs, les gestionnaires adhérents accèdent gratuitement à la déchetterie pour les déchets végétaux et encombrants. Nous ne sommes pas seulement « prestataires de services » auprès de nos adhérents, nous leur apportons notre assistance pour organiser au mieux leur tri sélectif et pour éviter au maximum les refus de la part des ramasseurs.

Un bilan très encourageant

La troisième saison vient de se terminer et le bilan que les responsables de l’association en tirent est plus que positif, comme le précise Carine Urbani, à l’origine du projet  « A la fin de la saison 2011, quarante-deux campings nous font confiance pour leurs ordures ménagères. Le poids des ordures collectées durant la saison représente au total 1 100 tonnes dont 800 d’ordures ménagères, 50 de plastiques et emballages recyclables, 60 de verres, 14 de papiers et de carton, le reste étant constitué de déchets végétaux. Un de nos motifs de satisfaction est le taux de refus (quand le tri est mal fait, le container est refusé) de nos adhérents qui est de 12%, soit nettement inférieur à la moyenne départementale (40%). Preuve si besoin était de l’éducation, ça marche aussi pour les déchets.»

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