La vie surprenante des campings de ville
Dans l’imaginaire collectif, le camping est synonyme de grands airs, loin de la ville.Ce qui n’empêche pas les campings urbains de bien fonctionner. Les établissements de Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes ou encore Toulouse racontent leur façon de travailler.
Dans l’imaginaire collectif, le camping est synonyme de grands airs, loin de la ville.Ce qui n’empêche pas les campings urbains de bien fonctionner. Les établissements de Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes ou encore Toulouse racontent leur façon de travailler.
Sommaire
Toulouse, ou la vi(ll)e en rose des professionnels
A sept kilomètres du cœur de Toulouse, le camping Le Rupé (trois étoiles) attire de nombreux ouvriers en déplacement, mais n’oublie pas les touristes de passage. Deux clientèles qui cohabitent sans vraiment se fréquenter.
En reprenant en DSP fin 2011 le camping Le Rupé à Toulouse, situé à sept kilomètres de la place du Capitole, Bruno et Isabelle Lemonnier, associés à Florence et Jacques Romulus, ne pensaient pas travailler à ce point avec la clientèle dite professionnelle. A savoir les personnes en déplacement dans le cadre de leur travail. «â€¯Avant notre arrivée, il y avait surtout une clientèle de passage (touristes) qui venait passer quelques jours pour visiter Toulouse. Mais devant la forte demande de la clientèle ouvrière, nous avons décidé de jouer également cette carte », affirme Bruno Lemonnier. Certes, cela implique une façon de travailler différente de l’accueil de touristes, mais pour les patrons du Rupé, il aurait été dommage de laisser passer cette clientèle. «â€¯Si on veut remplir nos locatifs plus d’une semaine, on ne peut pas se contenter du passage. Elles restent rares les familles qui viennent passer une semaine de vacances voire plus en camping dans une ville. »
Les ouvriers : 45 % du chiffre d’affaires
Bénéficiant avec Toulouse et son agglomération d’une forte activité économique avec de nombreux chantiers, Le Rupé accueille de fait une grande part d’ouvriers (d’entreprises généralement étrangères). «â€¯Pour eux, l’hôtellerie est trop chère et les autres modes d’hébergements ne sont pas toujours adaptés aux groupes d’ouvriers en déplacements qui pendant la durée d’un chantier peuvent passer de cinq personnes à douze puis descendre à huit. Avec les mobile-homes qui peuvent accueillir trois personnes maximum, nous avons une certaine souplesse », explique Bruno. Et puis, il faut bien le dire, cette clientèle n’est pas toujours la bienvenue chez les hébergeurs touristiques… «â€¯Il est vrai que ce n’est pas la même chose que d’accueillir des vacanciers à la semaine », reconnaît Bruno.
Entre 40 et 45 % de son chiffre d’affaires est ainsi réalisé grâce à cette clientèle (ouvriers, stagiaires, mais aussi des personnes qui viennent pendant quelques semaines ou mois le temps de trouver un travail et par la suite un vrai logement). «â€¯Autre particularité que l’on ne retrouve pas ou peu dans les campings traditionnels : nous accueillons d’une part les personnes qui viennent voir leurs familles, laquelle n’a pas la place pour les héberger. Par ailleurs, nous voyons un nombre important de familles qui accompagnent pendant plusieurs jours l’un des leurs, venu se faire soigner à Toulouse. »
Retrouvez la suite de l’article dans L’OT n° 362- février 2017.
Nantes Camping, un cinq étoiles au cœur de la ville
Idéalement situé au Petit-Port, à Nantes, l’établissement récolte les lauriers de plusieurs années de labeur. Clientèle itinérante et touristes de passage ne s’y trompent pas.
Ouvert dans les années 1970, le camping municipal quatre étoiles du Petit-Port a longtemps été exploité en régie. En 1972, la Ville de Nantes en confie la gestion à la Société d’économie mixte (SEM), Nantes Gestion Equipements (NGE). En 2011, après un an de travaux, c’est la naissance de Nantes Camping qui décroche sa cinquième étoile un an plus tard. Implanté en ville dans un parc arboré de 8,5 hectares, Nantes Camping a fait de son emplacement son slogan : «â€¯Un cinq étoiles en ville ». «â€¯Notre situation, c’est notre premier atout commercial : un écrin de verdure avec plus de 500 arbres de 77 espèces, à quelques minutes du centre-ville en tramway », explique Luc Bonnaud, directeur depuis 2002. Mais cet atout ne suffit pas. Nantes Camping mise aussi sur les prestations et la quête de l’excellence. «â€¯Nous sommes labellisés Camping Qualité, Ecolabel européen et Tourisme et Handicap pour les quatre déficiences. La multiplication des labels est un gage de qualité pour nos clients. Nous ne sommes pas plus de dix établissements cinq étoiles en France à cumuler ces trois distinctions », souligne Luc Bonnaud qui s’est aussi doté de l’outil de suivi de satisfaction, Qualitelis. Une politique gagnante puisque le camping s’est vu décerner le certificat d’excellence Tripadvisor ces trois dernières années. Preuve de cette bonne santé, le nombre total de nuitées est passé de 65 354 en 2012 à 75 806 en 2015, soit une augmentation de 16 %.
Ouvert toute l’année
Nantes Camping compte 156 emplacements, 85 nus et 71 locatifs ainsi qu’une aire de 15 places gérée par Camping-car Park. «â€¯Nous n’irons pas au-delà de 75 à 80 locatifs, prévoit Luc Bonnaud. Nous sommes le seul endroit à Nantes pour l’accueil des tentes, caravanes et camping-cars et notre taux d’occupation des emplacements nus dépasse 90 % en juillet-août. » Ces derniers temps, le camping a repositionné son offre vers les premiers prix (tentes) et les premiums (chalets bois et mobile-homes de troisième génération). Les derniers locatifs achetés sont polyvalents. Loués en catégorie premium en haute saison aux touristes, ils sont ainsi divisibles en deux unités pour la clientèle étudiante.
«â€¯Nous avons fait le choix d’ouvrir à l’année, bien que notre contrat avec la Ville ne nous l’impose pas », relève Luc Bonnaud, tout en reconnaissant que janvier et février restent des mois plus difficiles à remplir. Pour la tarification, haute et basse saison ont été abandonnées pour se rapprocher des pratiques de yield management. Selon les mois, les tarifs varient avec des périodes jaune, orange et rouge.
Retrouvez la suite de l’article dans L’OT n°362 – février 2017
Huttopia distingue son offre citadine
A la tête de 40 campings au cœur de la nature, Huttopia gère aussi des établissements en ville (Paris, Lyon…). Une offre qui oblige de s’adapter à une clientèle différente.
La notion de camping de ville pourrait sembler contradictoire avec la philosophie d’Huttopia et ses campings très nature, parfois situés au cœur de domaines forestiers. Pourtant, le groupe créé et dirigé par Philippe et Céline Bossanne qui a obtenu en 2010 la gestion du très convoité camping du Bois de Boulogne exploite désormais trois établissements situés aux portes de Paris, Lyon et Strasbourg. Et bientôt quatre puisqu’un terrain à Colmar va prochainement s’ajouter à la liste. « Les campings de ville ne sont pas incompatibles avec notre philosophie, souligne cependant Céline Bossanne, directrice générale de la société. Nous choisissons en effet des terrains qui ont un cadre naturel même s’ils sont proches d’une grande agglomération. Mais nous faisons tout pour bien expliquer aux campeurs que, malgré un environnement boisé, ce sont d’abord des campings de ville et que cela reste des produits à part de ce que nous proposons habituellement. » Cette offre demeure en effet bien spécifique au sein du réseau. D’ailleurs, depuis ce début d’année 2017, les campings de ville du groupe ne sont même plus répertoriés sur le site Huttopia. Et encore moins sur la brochure. Ils sont présentés sur le site Camping Indigo (la deuxième marque du groupe, laquelle ne conserve et ne concerne plus que les destinations urbaines). Les autres terrains Indigo viennent en effet d’intégrer la marque Huttopia pour 2017.
Des séjours plus courts
A part, ces établissements de ville au sein d’un réseau composé de campings très nature imposent un fonctionnement spécifique en termes de publicité. « Nous réfléchissons différemment la communication pour ces campings de ville avec des brochures dans les offices de tourisme, et la participation à des salons professionnels pour toucher les commerciaux et les entreprises, etc. ». La clientèle touchée n’est donc pas la même que sur les autres campings du groupe avec notamment des professionnels qui apprécient les avantages d’une location en camping, souvent moins chère qu’une chambre d’hôtel. « Ces campings attirent des professionnels pour des courts séjours. Ils apprécient d’avoir une cuisine et de pouvoir garer facilement leur véhicule. Mais le tourisme urbain se développe également beaucoup. Si le camping du Bois de Boulogne (dans le XVIe arrondissement de Paris) est un cas à part car il est le seul à l’intérieur de Paris, nous voyons par exemple que Lyon, qui était essentiellement une étape vers le Sud, devient de plus en plus une destination. Nous sommes liés à l’attractivité des villes. Nous communiquons donc beaucoup sur ce que l’on peut y faire. Pour le moment, nous attirons surtout une clientèle étrangère car pour les Français le camping n’est pas un réflexe lorsqu’ils visitent une ville. »
Retrouvez la suite de l’article dans L’OT n° 362 – février 2017.
Bordeaux, un camping de ville à la campagne
A dix kilomètres de l’hyper-centre de Bordeaux, parfaitement relié en tram et bus, le camping de Bordeaux, ancré dans le quartier du Lac, est sorti de terre en juin 2009. Sa clientèle, est parfaitement équilibrée entre tourisme et déplacements professionnels.
Il a parfaitement trouvé sa place dans un quartier en pleine mutation. Situé au cœur d’une ancienne forêt, le camping de Bordeaux se déploie sur 13 hectares, dans un espace paysagé jalonné d’une myriade de lacs artificiels (totalisant un hectare). Lié par un bail emphytéotique de 45 ans signé avec la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) et la commune de Bruges (où se trouve le camping), le groupement d’investisseurs-exploitants privés, compte notamment un spécialiste de la réalisation de bâtiments clé en main, et un professionnel de l’HPA, Jérôme Thévenon copropriétaire du Camping club d’Arcachon. En sept ans, le camping de Bordeaux (quatre étoiles) est passé de 193 emplacements avec 92 locatifs, à 340 emplacements dont 250 locatifs équipés de télé, air conditionné réversible et Wi-Fi gratuit. Cet hiver, il comptera une quarantaine d’emplacements nus avec un bloc sanitaire, comme le souligne le directeur d’exploitation, Marc Tanguy. « Nous renouvelons une partie du parc d’origine et montons en gamme. Trente-cinq locatifs seront livrés mi-mars. Et contrairement à leurs homologues en tout électrique, ceux-là seront dotés d’un réseau de gaz, ce qui nous permettra d’ajouter des appareils électriques type bouilloire, grille-pain, et un lave-vaisselle sans risque de faire sauter les compteurs. »
Clientèle : 50% tourisme, 50% professionnel
Ici, toutes les clientèles se côtoient. « Diriger un camping de ville est bien plus amusant qu’un camping classique », sourit Marc Tanguy qui a travaillé au camping Le Panorama sur la dune du Pilat (Gironde) et au Mayotte Camping, à Biscarrosse (Landes). Et d’expliquer : « Un an après l’ouverture, on a fait un brainstorming pour trouver comment séduire une clientèle professionnelle qui ne connaît pas le camping et que le terme effrayait. Ainsi selon les clientèles visées, on vend le “Camping de Bordeaux” ou bien le “Village du Lac”.» Sur un chiffre d’affaires passé de 500 000 euros la première année, à quelque 2 millions d’euros en 2011, et 2,9 millions d’euros en 2016, le segment tourisme en représente la moitié avec des séjours de cinq jours en moyenne sur du locatif et deux jours en emplacement nu. « Par rapport à d’autres campings saisonniers, les familles sont moins nombreuses, mais on cherche à augmenter cette clientèle, souligne le directeur. Outre la piscine, on a ajouté l’été dernier le splashpad, une série de jeux d’eau. On songe aussi à mettre des animations en haute saison. Ceci dit, à 95 % la clientèle de tourisme reste peu sur le site. Elle préfère explorer Bordeaux. » La ville, il est vrai, enregistre une cote d’amour exceptionnelle, classée meilleure destination européenne 2015, et numéro 1 des villes à visiter dans le monde en 2017, selon le guide Lonely Planet. Marc Tanguy confirme : « Bordeaux devient une destination à part entière. Pour la saison 2017, nous avons enregistré des réservations dès décembre pour août 2017. Jusqu’ici, 65% de notre chiffre d’affaires du mois d’août se fait sur des réservations prises quelques semaines à peine avant l’arrivée des vacanciers. La clientèle est française à 70 %, puis européenne. »
Retrouvez la suite de l’article dans L’OT n° 362 – février 2017.