L’HPA Dordogne, un exemple à suivre
Avec 225 campings, l’hôtellerie de plein air de Dordogne représente la moitié des lits marchands du département. Ici, le camping est un poids lourd du tourisme. Et une activité qui s’appuie sur un syndicat professionnel à l’efficacité exemplaire.
Avec 225 campings, l’hôtellerie de plein air de Dordogne représente la moitié des lits marchands du département. Ici, le camping est un poids lourd du tourisme. Et une activité qui s’appuie sur un syndicat professionnel à l’efficacité exemplaire.
Sommaire
Le syndicat HPA, une histoire d’hommes
Si la Dordogne peut s’enorgueillir d’abriter un patrimoine historique et culturel de premier rang, elle peut aussi se féliciter d’avoir des campings de qualité conduits par un syndicat dynamique.
Mille et un châteaux, les sites préhistoriques et les grottes ornées (au nombre de 25) de la vallée de la Vézère, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, dix villages classés «â€¯Plus beaux villages de France », des villes d’art et d’histoire, de somptueuses rivières pour canoter, des chemins pour musarder, une cuisine généreuse, un accueil aux petits oignons… La Dordogne, premier département touristique d’intérieur en termes de nuitées françaises, ne s’endort pas sur ses lauriers.
D’ailleurs, le syndicat HPA de Dordogne est une petite entreprise qui tourne à plein régime : il est efficace, réactif, force de propositions et capable de mobiliser. Avec 195 adhérents sur un territoire qui compte 225 campings classés, le compte est bon. Les clefs du succès ? Comme toujours une affaire d’hommes. Et cela ne date pas d’aujourd’hui…
Retour aux sources
Ex-président avant de devenir directeur, puis, depuis 2016, chargé de mission, Jérôme Neveu, 65 ans, est la mémoire vive du syndicat. Il a connu sa création, lui, le Parisien, arrivé en Dordogne en 1975 à l’âge de 23 ans pour gérer un camping que ses parents venaient d’acquérir. Il remonte le fil : «â€¯Le syndicat a vu le jour à l’hiver 1977. Roger Colombel, du Moulin du Roch, a assuré la première présidence “sérieuse”. Il y a eu ensuite, dans les années 80 et durant sept ans, Wim Kusters, le père de Gé, l’actuel président. Il était venu des Pays-Bas en 1967 pour bâtir le camping Le Paradis. Jean-Luc Dubost, du camping La Palombière, lui a succédé. Il a créé le premier poste de secrétaire, c’était un mi-temps. Il m’a passé le flambeau. J’ai assuré la présidence de 1997 à 2003. » Jérôme Neveu ne quittera plus le navire. Libre après la vente du camping familial, il est recruté en 2006 par Philippe Hirsch (campingLes Tailladis), président jusqu’en 2007. Son poste de directeur du SDHPA de Dordogne est officialisé par Gé Kusters qui a pris les rennes du syndicat l’année suivante.
Création de Péricamp’Expo
Si chaque président a apporté sa pierre à l’édifice, la création de Péricamp’Expo, le salon professionnel organisé tous les deux ans depuis 1986 par le SDHPA de Dordogne, marque indéniablement un tournant. Jérôme Neveu rappelle :«â€¯Dans les années 80, un salon professionnel de l’hôtellerie de plein air existait déjà en Gironde, Campo Foire, au parc des expositions de La Teste-de-Buch. Il était porté par la fédération régionale HPA Aquitaine qui, un jour, a décidé de le faire tourner dans les départements. La Dordogne a postulé. Wim Kusters m’en a confié la responsabilité. Comme c’est toujours le cas aujourd’hui, tout était réalisé par des bénévoles. C’était assez simple à organiser et les retombées financières pas neutres. Ainsi est née l’idée de créer notre propre salon. Les grosses pointures se déplaçaient, s’y ajoutaient de nouveaux fournisseurs locaux. On ne prenait rien à Campo Foire, salon annuel, d’autant que le nôtre se tenait à Sarlat tous les deux ans. Les rentrées financières, lissées sur deux exercices comptables, ont permis au syndicat de prendre de l’envergure. »
Sous l’impulsion de Jérôme Neveu, le syndicat enclenche le turbo. Le nombre d’adhérents progresse, les services se professionnalisent, la centrale fournisseurs s’enrichit. En 2010, le nouveau classement des hébergements touristiques marchands révèle toute l’expertise du syndicat. «â€¯On faisait un accompagnement clef en main, jusqu’au jour de l’audit. On a embarqué tout le monde. La Dordogne sera le premier département en France à avoir classé ses campings. On a même été sollicité par d’autres départements », se félicite Jérôme Neveu.
Signature d’un contrat avec le SDHPA 47
Engagé sur de gros dossiers, le syndicat a besoin de renfort. En janvier 2011, Sandrine Vertut, ancienne DRH en reconversion, est recrutée comme assistante de direction. La Lotoise, mariée à un Sarladais, se lance dans la commercialisation massive du syndicat. De 130 adhérents en 2010, le SDHPA de Dordogne atteint les 195 syndiqués. Elle précise : «â€¯Il reste des campings municipaux qui n’ont pas de vision touristique, et des campings surtout résidentiels. » En 2016, la jeune femme est promue directrice. Avec Jérôme Neveu, elle forme un binôme parfait, jusqu’à partager la BMW du préretraité… en tant que passagère pour se rendre chez les adhérents. «â€¯Notre fer de lance, c’est la réglementation. On est là pour soutenir nos adhérents sur toutes les parties réglementaires. On fait de la veille juridique, sociale, on alimente une plateforme. On essaye de proposer au moins dix formations par an. Elles font le plein. »
Fort d’une expertise reconnue au-delà de ses frontières, le SDHPA de Dordogne a signé en janvier dernier avec son voisin du Lot-et-Garonne un contrat d’assistance. «â€¯Le syndicat présidé par Bruno Engrand, reste indépendant. Leurs adhérents – une vingtaine – bénéficient de tous nos services, de toutes nos formations, d’un système Intranet. On est en quelque sorte, les permanents du Lot-et-Garonne, avec uniquement des outils numériques et du téléphone », explique Jérôme Neveu.
Retrouvez la suite de cet article dans L’OT de septembre 2017 (n° 367)
Des campings très étoilés
Si l’on compare l’HPA de Dordogne avec la moyenne nationale, on constate que ce département compte des établissements plus haut de gamme.
La part des une et deux étoiles atteint les 24,5 % contre 30 % au plan national. A l’inverse, le taux des trois étoiles, 43 %, est largement supérieur à la moyenne nationale, laquelle atteint 31 %. Pour sa part, le segment des quatre étoiles, 17 % est supérieur de trois points à la moyenne hexagonale (voir infographie ci-contre).
Reclassement
En termes de reclassement, la Dordogne est bonne élève puisque 88,5 % du parc est reclassé (taux de 77 % en France) ; ce qui le place au 7e rang français.
Peu de camping en gestion publique
A peine 9 % des campings sont gérés par des collectivités locales, soit 20 campings sur 225 unités, l’HPA de Dordogne est bien en deçà du taux national de 23 %.
L’HPA de Dordogne : plus de trois millions de nuitées
Poids de l’hôtellerie de plein air (de mai à septembre 2016)
– 52,3 % des lits marchands du département
– 3 183 082 nuitées, hausse de 3,6 % 2015-2016, dont 2 223 659 nuitées en Périgord noir, (69,9 % du total et 63,9 % des lits campings)
– 506 000 arrivées – hausse de 5,5 % 2015
Répartition des nuitées par clientèle
– Nuitées françaises : 61,5 % (+ 4,2 % 2015)
– Nuitées étrangères : 38,5 % (+ 2,6 % 2015) dont
1 : Pays-Bas : 51,10 % (en baisse de 30,3 % depuis 2010)
2 : Royaume-Uni : 27,70 %
3 : Belgique : 10,10 %
Durée moyenne de séjour en 2016 : 6,29 jours
5,85 jours par les Français
7,15 jours pour les étrangers
Ecolabel européen
En mai 2017, la France comptait 75 titulaires de l’Ecolabel européen «â€¯Service camping », dont 31 en Nouvelle-Aquitaine. Six sont en Dordogne, un département leader en France, avec les Landes (six également). Le champion est la Charente-Maritime qui compte sept campings avec cette distinction.
Classement des départements de l’ex-Aquitaine en nombre de nuitées
1er : Landes
2e : Gironde
3e : Dordogne
Mais la Dordogne c’est :
– 48,9 % des nuitées néerlandaises
de l’ex-Aquitaine, (50 % en 2015).
– 38 % des nuitées britanniques
de l’ex-Aquitaine (39 % en 2015).
Chiffre d’affaires : Environ 60 M €, hors services annexes (estimation HPA Dordogne).
Source : Insee, fournie par le Comité de tourisme de Dordogne.
Des équipements au top
En termes d’équipements, les campings de Dordogne sont particulièrement bien dotés.
Wi-Fi 
72 % des campings de Dordogne proposent le Wi-Fi (gratuit ou payant) sur tout ou partie du camping. Ce qui place
le département sur la 3e marche des campings les mieux équipés en France.
La moyenne nationale est de 55 %.
Piscine 
179 des 225 campings de Dordogne sont dotés d’au moins une piscine ; soit 79,6 %, le meilleur score des départements en France. La moyenne nationale s’établit
à 47 %.
Piscine couverte
Avec un taux de 15,6 % de campings équipés d’une piscine couverte, la Dordogne se place au 10e rang des départements français, six points au-dessus de la moyenne nationale.
Restaurant
60 % des campings du département proposent un service de restauration (restaurant, snack, plats à emporter…). C’est 20 points au-dessus de la moyenne des campings français.
Spa
Près de 12 % des campings de Dordogne disposent d’un spa, contre 8,3 % au plan national.
Trois questions à Christophe Gravier, président du CDT de Dordogne
Avez-vous constaté une évolution de l’hôtellerie de plein air depuis votre arrivée en 2012 ?
Ce qui ressort ce n’est pas tant les créations, – en 2010, il y avait plus de campings en Dordogne qu’aujourd’hui – mais moins d’emplacements. Ce qui a changé, c’est surtout l’évolution qualitative, la montée en gamme du parc. Les quatre et cinq étoiles représentent 21 % du parc. Les trois étoiles, 43 %. Dans le département, on a constaté une baisse du nombre de nuitées de la clientèle française en hôtellerie traditionnelle, contrairement aux campings qui, eux, ne cessent de progresser. On pense qu’il y a un transfert de cette clientèle. Elle se tourne vers l’hôtellerie de plein air, où les prestations complémentaires sont aujourd’hui plus riches.
Le CDT a appuyé le fonds d’investissement promotionnel mutualisé proposé par l’HPA Dordogne. Quel regard portez-vous sur ce syndicat de campings ?
L’hôtellerie de plein air en Dordogne représente plus de la moitié des lits marchands du département. Forcément, c’est un acteur économique majeur. Je travaille en étroite collaboration avec Gé Kusters, Jérôme Neveu et Sandrine Vertut. Ce qui est remarquable, c’est le rôle fédérateur que joue le syndicat au niveau des acteurs de la filière et c’est une équipe de leaders en mode projets capable de mobiliser, au-delà de leur propre cercle concentrique. C’est unique.
Quelle carte peut jouer la Dordogne dans la Nouvelle-Aquitaine ?
C’est un peu tôt pour le dire. Sachant tout de même que si le gros du flux de vacanciers se trouve sur le littoral en haute saison, l’arrière-pays génère sur l’année autant de nuitées que le littoral sur les deux mois. Je note aussi que la Nouvelle-Aquitaine n’est pas une destination touristique. Alors que la Dordogne, le Périgord sont des marques de destination. On a toujours valorisé une communication axée sur notre patrimoine culturel, la gastronomie, les grands sites, Lascaux, le château de Castelnaud et d’autres locomotives. On compte poursuivre dans cette voie.