l’Ardèche, terre de campings

Par Nathalie Ruffier 20/09/2018

Premier département de l’intérieur par le nombre de campings, l’Ardèche déploie 272 adresses. Ici, l’HPA est de loin le premier hébergement marchand avec 4,5 millions de nuitées enregistrées.

Premier département de l’intérieur par le nombre de campings, l’Ardèche déploie 272 adresses. Ici, l’HPA est de loin le premier hébergement marchand avec 4,5 millions de nuitées enregistrées.

Une destination nature

L’Ardèche s’affiche comme une destination touristique à part entière. ici, les touristes viennent pour découvrir les sites naturels, profiter du climat et du cadre de vie préservée.

Comment cela ? L’Ardèche ne serait pas si connue que cela en France ! Difficile de l’imaginer quand on voit affluer des milliers de vacanciers l’été au point d’engorger souvent ses splendides gorges méridionales. La destination a en effet tout pour plaire : du soleil, des rivières rafraîchissantes, une nature préservée, de beaux villages, un large choix d’activités, un terroir réputé pour ses châtaignes, ses vins ou ses truffes, les plus vieilles peintures rupestres découvertes dans l’Hexagone à ce jour… Et pour les 429 000 touristes, majoritairement français mais aussi étrangers (39 % des nuitées) venus camper en Ardèche en 2016, ce sont justement ces arguments qui ont déclenché leur séjour dans le département selon l’enquête du cabinet Altimax réalisée pour l’Agence départementale du tourisme (ADT) Ardèche. Par ordre décroissant, ces campeurs évoquent en effet la qualité des sites naturels et des paysages (68 %), le climat (46 %), le cadre de vie préservée (39 %) et le calme (29 %). Et 96 % d’entre eux assurent ne pas avoir hésité avec une autre destination de séjour. «â€¯L’Ardèche est une destination touristique à part entière », martèle Laurent Ughetto, professionnel de l’HPA, élu président du département en 2017. Mais celui qui garde toujours un pied dans le camping familial du Pequelet (3 étoiles) à Salavas, sait qu’il faut rester vigilant.

Le tourisme en Ardèche : 670 M€ de retombées

Également président de l’ADT, il porte une attention toute particulière à la politique de promotion touristique. Le secteur reste un élément moteur de son économie. «â€¯Ici, le tourisme a généré 670 M€ de retombées économiques en 2017, soit 12 % du produit brut du département. Mais il ne faut pas s’endormir et continuer à faire découvrir et apprécier le département » avance-t-il. Depuis longtemps, le département compte un concurrent sérieux en tourisme vert : la Dordogne. «â€¯Ce sont sans doute les deux destinations de l’intérieur les plus attractives, avec de vraies performances. Mais elles ont une image bien différente » estime Vincent Peilleron, créateur de l’agence Bande à Part. Pour ce spécialiste du positionnement des territoires sollicité par l’ADT Ardèche pour définir une nouvelle stratégie de promotion, «â€¯la Dordogne est connue comme une destination patrimoniale, gourmande, historique. L’Ardèche est davantage dans la fusion avec la nature et la pratique d’activités – sa clientèle est d’ailleurs plus jeune et plus active –, mais elle a aussi une véritable notoriété touristique. Pour les gens du Nord, c’est la porte de la Provence, une destination soleil. Et les gens du Sud viennent s’y rafraîchir l’été. On l’associe à l’été et au soleil, mais aussi à l’eau et à la fraîcheur. »

4,5 millions de nuitées en camping

Chaque destination observe évidemment l’autre. «â€¯C’est normal entre deux leaders, sourit Gil Breysse, directeur de l’ADT Ardèche. On est aujourd’hui un poil devant en matière de fréquentation touristique. Mais c’est sans doute lié à la baisse en Dordogne de la clientèle britannique suite au vote du Brexit. » Cette avance est plus marquée en hôtellerie de plein air lorsque l’on compare les derniers chiffres de l’INSEE. L’Ardèche caracole en effet en tête avec sa capacité de 70 000 lits en camping et les 4,5 millions de nuitées enregistrées en HPA d’avril à septembre 2017. Sur cette même saison, les campings de Dordogne ont totalisé 3,4 millions de nuitées avec leurs 60 353 lits. «â€¯Voilà plus de quinze ans que nous avons fait sauter le verrou des 200 places maximum fixé alors par l’ADT en Ardèche sans que cela n’ait d’ailleurs aucune valeur juridique. En Dordogne, ils ne l’ont pas fait », explique l’incontournable Jean Boucher, propriétaire de deux campings 5 étoiles Sunêlia du Sud Ardèche, le Ranc Davaine (Saint-Alban-Auriolles) et Aluna Vacances (Ruoms) qui totalisent à eux deux près de 1 000 emplacements. L’Ardéchois a beaucoup œuvré pour la profession dans le département, en Rhône-Alpes et même au niveau national. Mais il a aussi eu l’idée d’amener justement une poignée de confrères en Dordogne. C’était en 1990. «â€¯Cela nous a ouvert les yeux et poussé à augmenter la capacité des campings pour assurer leur pérennité. La Dordogne avait certes de petits campings, mais elle avait déjà développé beaucoup les services. Ils faisaient leur pain, la restauration… On s’en est inspirés pour déployer nos commerces annexes », résume cet homme qui fut longtemps de toutes les batailles syndicales.

Retrouvez la suite de l’article dans L’OT de septembre 2018 (n° 377)

Les Néerlandais, rois du camping

S’il y a un pays qui connaît bien l’Ardèche, c’est la Hollande. Tous types d’hébergements confondus, elle devance toujours la Belgique et l’Allemagne.

Premier pays émetteur, les Pays-Bas représentaient 27 % des touristes occasionnels étrangers en 2017 avec toujours une présence très forte de mi-juillet à mi-août. Et ce ratio est même de 53 % dans l’HPA ! Au camping 4 étoiles Les Arches de Saint-Jean-le-Centenier, entre Montélimar et Aubenas, on en sait quelque chose. L’une de ces touristes venues du nord a fini par rester au camping à l’année : elle est devenue l’épouse de Patrick Gachet, son propriétaire. Sa présence contribue à accueillir toujours autant de ses compatriotes. «â€¯Cela les rassure. S’il y a par exemple le moindre souci médical, je peux servir de traductrice », explique Marleen. Mais pour la franco-néerlandaise, la raison de leur fidélité est ailleurs. Dans la nature même de leur établissement. «â€¯Nous sommes restés un camping pour campeurs, avec beaucoup d’espaces, 10 hectares de nature arborés, traversés par une rivière que l’on transforme
en grand plan d’eau l’été et même une cascade. Nos emplacements font de 80 à 300 m2, et nous n’avons que 30 locatifs sur 200 emplacements. C’est ça qui leur plaît ! » Elle prend également soin d’accueillir avec chaleur ses clients qui viennent d’abord pour «â€¯se reposer et se mettre à l’ombre ». Les Arches semblent être devenus leur p’tit coin de paradis. 

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Aluna Festival, une autre vision du camping !

Créé en 2008 au camping Aluna vacances, le Festival Aluna compte parmi les grands événements ardéchois

«â€¯L’an prochain, on décale de 15 jours le festival », a annoncé, à l’issue de l’Ardèche Aluna Festival 2018, Jean Boucher, le créateur de ce grand rendez-vous musical. Il l’a lancé en 2008 dans son camping Aluna Vacances (Ruoms) avec Didier Viricel, producteur de spectacles musicaux. Sa 12e édition se déroulera donc les 26, 27 et 28 juin 2019, avec, il l’espère, plus d’artistes internationaux. «â€¯Reculer notre rendez-vous s’est imposé pour plusieurs raisons», explique ce gestionnaire qui se bat depuis onze ans pour offrir le meilleur de la musique. Le pari était osé et l’objectif collectif (promouvoir les campings et le territoire).

Si l’équilibre financier est difficile, l’événement attire foule désormais (66 000 spectateurs en 2016). «â€¯Cette année, avec sa programmation musicale très urbaine, le festival, suivi par 50 000 spectateurs, correspondait sans doute moins aux attentes du public à 70 % ardéchois et drômois », constate Jean Boucher, qui chaque année prend des risques. S’il compte quelque 45 campings partenaires et des mécènes (parmi lesquels Sunêlia) pour un total de 900 000 € sur un budget de 4 M€, il se retrouve seul face aux éventuels déficits (250 000 € cette année). En 2019, sa programmation plus tardive lui permettra d’accrocher, il l’espère, davantage de stars. «â€¯Et cela évite d’être trop proche des dates de l’Ardéchoise », ajoute l’organisateur. Il en était ainsi depuis 2011. Maintenir deux événements phares, l’un au sud, l’autre nord, au même moment devenait également compliqué pour les autorités
en matière de circulation et de sécurité.

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Le camping Les Ranchisses, le terrain des sportifs de haut niveau

Les propriétaires du Sunêlia Domaine des Ranchisses diversiffient leur offre en accueillant des sportifs.

Philippe et Véronique Chevalier, propriétaires du 5 étoiles Sunêlia Domaine des Ranchisses (l’Argentière) avaient imaginé accueillir leurs premiers sportifs de haut niveau, des pros et semi-pros du ballon ovale et du foot, dès 2016 dans une nouvelle zone dédiée. Le stade (110 m x 80 m) est fin prêt depuis 2015 et leur «â€¯Ferme des Ranchisses », ancienne grange transformée en lieu de rencontres  et de séminaires l’a été un an plus tard. Mais, retardés par des tracasseries administratives, ils n’ont pas pu encore construire les hébergements qu’ils leur réservent, une «â€¯Bastide des Ranchisses » avec un hôtel de 12 chambres (salle de fitness et piscine couverte incluses) et un village de gîte hôteliers. «â€¯Nous espérons ouvrir en 2020 », glisse Philippe Chevalier, qui tient à se projet de diversification. Nulle autre structure de ce type n’existe dans le département. Il y a donc une place à prendre avec cet autre «â€¯tourisme d’expérience ».

Des joueurs venus de Chine

Preuve de l’intérêt de pareil développement autour du sport, c’est leur camping qu’a choisi la toute jeune fédération française de lawn bowls, sport anglais cousin de la pétanque qui se pratique sur gazon pour y ouvrir, le 2 juin, son premier terrain homologué français ! Les Chevalier ont aménagé pour cela un terrain plat gazonné divisé en six pistes. «â€¯Nous avons déjà accueilli des joueurs chinois, suisses et anglais », se félicite Véronique Chevalier. Il a bien sûr fallu trouver une alternative à leur Bastide des Ranchisses, non construite à ce jour. «â€¯Nous les avons logés dans des locatifs avec, nouveauté pour nous, prestations hôtelières », explique la gestionnaire, convaincue du potentiel de développement touristique dont dispose encore l’Ardèche. Cette conviction l’a d’ailleurs encouragée à devenir voilà deux ans vice-présidente tourisme de  la CCI Ardèche !

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L’HPA ardéchoise en chiffres

L’Ardèche se distingue en étant le premier département de l’inérieur par le nombre de camping.

Avec 272 campings et 23 428 emplacements, l’Ardèche se place sur la troisième place du podium des départements qui comptent le plus de campings, derrière la Vendée (n°â€¯1) et la Charente-Maritime. De fait, l’Ardèche s’affiche comme le département de l’intérieur qui abrite le plus de campings.
On notera qu’il compte majoritairement des petits campings (86 emplacements en moyenne) contre 112 pour la moyenne nationale !
Il est vrai que l’Ardèche arrive seulement en 11e position si on comptabilise
le nombre total d’emplacements (23 428).

A noter : Avec seulement 35 municipaux, le taux des campings ardéchois gérés par des collectivités locales est de seulement 13 % contre 22 % sur le plan national.

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