Campings français : le bilan de la saison 2021
Un ascenseur émotionnel permanent. C’est ainsi que les gestionnaires de camping résument cette saison 2021 qui a priori ne pouvait pas être pire que la précédente. Si d’un point de vue comptable, elle s’est révélée plutôt bonne voire meilleure que 2020 et 2019, elle a été malgré tout compliquée à piloter. On retiendra un lancement de saison stressant en raison de la situation sanitaire, des étrangers qui sont revenus mais moins nombreux qu’en 2019 (sauf les Britanniques, quasiment absents). Des Français qui eux étaient bien là, surtout en août. Et surtout une météo très défavorable pour le camping, en particulier dans la moitié nord de la France. Ah oui, on oubliait : on retiendra tout particulièrement la difficulté constante à trouver du personnel pour travailler sereinement…
Un ascenseur émotionnel permanent. C’est ainsi que les gestionnaires de camping résument cette saison 2021 qui a priori ne pouvait pas être pire que la précédente. Si d’un point de vue comptable, elle s’est révélée plutôt bonne voire meilleure que 2020 et 2019, elle a été malgré tout compliquée à piloter. On retiendra un lancement de saison stressant en raison de la situation sanitaire, des étrangers qui sont revenus mais moins nombreux qu’en 2019 (sauf les Britanniques, quasiment absents). Des Français qui eux étaient bien là, surtout en août. Et surtout une météo très défavorable pour le camping, en particulier dans la moitié nord de la France. Ah oui, on oubliait : on retiendra tout particulièrement la difficulté constante à trouver du personnel pour travailler sereinement…
Sommaire
Bourgogne-Franche-Comté: entre Covid et intempéries
La saison 2021 en Bourgogne-Franche-Comté fut placée sous le signe de la pluie. Dès le printemps, «â€¯le mauvais temps nous a fait perdre les gros week-ends », explique Étienne Pascal (La Roche D’Ully à Ornans, dans le Doubs). Malheureusement, cela ne fut qu’un avant-goût d’un mois de juillet particulièrement pluvieux. «â€¯Avec une semaine de soleil en juillet, cela devient compliqué », ironise-t-il. Si pour certains, la pluie fut une gêne, elle a eu des conséquences catastrophiques chez d’autres. Ainsi, dans le Doubs et le Jura, les rivières en crue ont conduit à l’évacuation de plusieurs campings, dont celui de Besançon ravagé par les eaux. En Saône-et-Loire, les campings de bord de Saône furent également inondés pendant plusieurs jours. Un phénomène exceptionnel à cette date pour ces campings habitués aux crues hivernales. Depuis que l’on enregistre le niveau des rivières, jamais la Saône n’avait atteint sa cote d’alerte en juillet. Si les plus «â€¯chanceux » ne furent touchés que quelques heures, voire quelques jours, certains établissements eurent les pieds dans l’eau pendant plus d’une semaine. Ainsi, au Castel Château de l’Epervière (5 étoiles, 160 empl.), plus de la moitié du camping fut fermée au public pendant une dizaine de jours !
Selon qu’ils aient été ou non inondés et suivant l’importance de la basse saison dans leur chiffre d’affaires, on constate de grandes disparités. Ainsi, Philippe Marmin, président de la fédération HPA de Saône-et-Loire, évoque une assez bonne saison dans l’ensemble, mais ternie par les très mauvais chiffres de certains campings situés en vallée de Saône. Outre la perte d’exploitation liée à l’inondation, la météo de juillet, relayée dans les médias, fut une mauvaise publicité et un frein aux réservations pour la suite de la saison comme le souligne Étienne Pascal : «â€¯L’an passé, début juillet, il nous restait des disponibilités qui sont parties en dernière minute. Ce ne fut pas le cas cette année. »
Août, heureusement, fut bien meilleur que juillet : «â€¯Dans l’ensemble, nous avons fait un très bon mois d’août. Meilleur que 2020 qui, déjà, était très bon. » Il modère toutefois ce bilan car «â€¯nous avons manqué de campeurs, notamment du fait de l’absence d’une partie de la clientèle étrangère ». Même si elle n’a pas retrouvé ses chiffres de 2019, la région a enregistré une hausse chez les Néerlandais et les Belges. «â€¯L’an passé, la clientèle française représentait 80 %, cette année nous sommes revenus à 55 % de Français et 45 % d’étrangers. » Cette clientèle française qui semble s’installer dans le temps dans le paysage de la Bourgogne-Franche-Comté est l’une des satisfactions de la saison 2021 : «â€¯A la différence de 2020 où cette nouvelle clientèle française avait été très difficile, elle a été beaucoup plus agréable à gérer cette année. »
Normandie Un bilan entre 2019 et 2020…
«Une saison meilleure que 2020, mais largement moins bonne que 2019. » C’est ainsi que Christophe Lelièvre, président de la fédération normande de l’HPA, résume 2021. Une saison qu’il qualifie de moyenne. Et d’ajouter : «â€¯50 % des gestionnaires normands sont satisfaits car ils enregistrent une saison égale à 2019, mais les autres 50 % sont déçus de ne pas faire aussi bien. » Il faut dire aussi que la saison 2019 avait été exceptionnelle pour les campings normands avec plusieurs événements majeurs comme le 75e anniversaire du Débarquement d’une part, et l’Armada de Rouen et son rassemblement des plus beaux bateaux d’autre part. Sans parler d’une météo très favorable.
Rien de tout ça en 2021. «â€¯L’avant-saison a été inexistante, or cela représente entre 25 et 30 % des chiffres d’affaires. Faute d’étrangers qui apprécient les emplacements nus, nous n’avons pas travaillé en juin. Pour juillet-août, nous étions confiants mais le soleil nous a boudés. Résultat, il y a eu peu de passage. Ceux qui ont 100 % de locatifs ont en revanche très bien tourné. »
Si les Anglais ont été inexistants et les Allemands en baisse, en revanche les Néerlandais ont sauvé une partie de la saison. «â€¯Mais ce n’est pas le niveau de 2019. » Christophe Lelièvre a également constaté plus de Belges que d’habitude. Mais la clientèle de proximité a préféré voir ailleurs. «â€¯L’an dernier, le beau temps avait attiré cette clientèle dans nos établissements. Cette année, le mauvais temps les a fait fuir. » Autre constat : la difficulté à trouver du personnel. «â€¯Faute de trouver des saisonniers, certains campings n’ont pas ouvert des services », regrette-t-il.
Bretagne Satisfaisant mais inférieur à 2019
Les gestionnaires bretons sont globalement satisfaits. Leur saison a en effet été supérieure à celle de 2020, sans pour autant atteindre le niveau du millésime 2019. «â€¯Il est à noter toutefois qu’un tiers des répondants à notre enquête auprès de 400 campings disent avoir fait mieux qu’en 2019, reconnaît Nicolas Dayot, président de l’UBHPA. Et que les deux tiers sont satisfaits. » D’une manière générale, les campings qui ont eu le plus de mal à tirer leur épingle du jeu sont ceux qui ont pour habitude de travailler avec la clientèle britannique, totalement absente, ou bien avec une clientèle de passage. C’est vrai également pour les établissements ayant une part importante d’emplacements nus. Des faits confirmés par Gaël Robic et Gaël du Jonchay, représentants départementaux de la FNHPA, respectivement dans le Morbihan et en Ille-et-Vilaine. «â€¯Nous avons vu peu de clients étrangers, admettent l’un et l’autre. Un peu de Néerlandais et de Belges, mais c’est tout. » Dans le même temps, la clientèle séjournant en Bretagne est habituellement très largement franco-française, à l’exception des campings haut de gamme. Tous les trois reconnaissent une accentuation de la clientèle de proximité et un nombre conséquent de néo-campeurs.
Si l’on passe au scanner les différents mois de la région, on obtient ceci. Des mois de mai et juin «â€¯pas formidables bien que légèrement supérieurs à ceux de 2019. » «â€¯Ce n’était vraiment pas ça, précise Gaël du Jonchay. Et pas de clientèle de passage habituelle avec qui nous avions l’habitude de travailler. » L’activité en juillet a démarré plus tôt que d’habitude. «â€¯Il y avait un capital de réservation important. Ce mois a donc été meilleur que les autres années. » Pour août, tous les voyants étaient au vert. «â€¯La quatrième semaine a même été très exceptionnellement bonne en termes de fréquentation, souligne Gaël du Jonchay. C’est inhabituel et c’est de bon augure pour le mois de septembre… » Un mois où «â€¯les réservations sont plutôt correctes », précise Nicolas Dayot. Côté regrets, tous mentionnent une météo qui n’avait rien d’estivale. Pour terminer avec des notes positives, ils citent d’emblée le très faible taux d’annulation, des clients se pliant aux règles sanitaires avec beaucoup de bonne volonté et une relation positive avec l’Agence régionale de santé (ARS).
Île-de-France Une saison proche de 2020
En Île-de-France, les gestionnaires de camping sourient jaune quand on leur parle de leur saison. À l’évidence, on préfère la comparer à 2020, plutôt qu’à 2019. À Milly-la-Forêt, dans l’Essonne, la propriétaire du camping La Musardière (3 étoiles, 200 empl.) évoque une saison moyenne et vraiment en deçà de 2019. «â€¯Il a fallu attendre la mi-juin pour voir de l’activité. Avant, avec le confinement, même les résidents situés à proximité n’osaient pas venir, confie Anne Meunier. Juillet et août sont comparables à 2020. En août, nous avons vu arriver une famille de Britanniques par semaine. Or, normalement, cette clientèle représente 20 % de notre fréquentation. » Heureusement, les Belges, Allemands et Néerlandais étaient au rendez-vous. Ici comme ailleurs, la propriétaire du camping fait part de la grande difficulté à trouver du personnel (pour le ménage). «â€¯Plus personne ne veut travailler le week-end. Nous sommes physiquement épuisés. »
Même son de cloche en Seine-et-Marne. Non seulement la saison a été moins bonne qu’en 2019, mais en plus, il se pourrait qu’au final elle soit «â€¯presque pire que 2020, ou au moins égale, confie Sophie Baudoin, gestionnaire du camping Les Etangs Fleuris (3 étoiles, 224 empl.). C’est un peu comme l’an dernier, avec les Britanniques en moins. Et une mauvaise météo comme j’en n’ai jamais vue ! »
Les Britanniques étaient absents de son établissement alors que l’an passé certains avaient réussi à venir. Idem pour les Espagnols et les Allemands. Et les Français n’ont pas compensé. «â€¯On espérait en voir étant donné que c’était l’année idéale pour visiter Paris et sa région », ajoute Sophie Baudoin qui regrette que l’Ile-de-France fasse peu de publicité auprès des Français.
En revanche, les Néerlandais étaient plus nombreux que l’an passé (+ 20 %), mais à un niveau inférieur à 2019. Au final, la saison a été similaire à 2020 avec un choc moins important. «â€¯C’était une non-saison, heureusement, nous avons eu les aides. »
Enfin, dans les Yvelines, le groupe Sandaya, propriétaire du camping de Maisons-Laffitte, confirme que la saison n’a pas été exceptionnelle. «â€¯Nous avons eu moins d’Anglais qu’en 2020… » Certes, le CA est en hausse de 66 % par rapport à l’an dernier, «â€¯mais il faut dire qu’en 2020, nous étions au ras des pâquerettes », rappelle Jean-Yves Challies, directeur adjoint de Sandaya. «â€¯Mais nous sommes tout de même en baisse de 30 % par rapport à 2019. »
Centre-Val de Loire Les Anglais ont manqué
La saison 2021 fut-elle bonne en Centre-Val de Loire ? À cette question, Laurent Cherrier, Sites et Paysages Les Saules, à Cheverny (Loir-et-Cher) répond par une autre question : «â€¯Considère-t-on que la saison se limite à juillet et août ? Dans ce cas, oui. Nous avons sauvé les meubles en haute saison. Mais si l’on regarde l’ensemble de la saison, la région a souffert et enregistre des baisses de 20 à 40 %. » Tout en regrettant que les médias limitent souvent leur analyse de la saison touristique à ces deux mois. «â€¯Nous sommes une région qui généralement travaille bien en hors saison. Le déconfinement tardif nous a fait perdre les ponts du printemps qui normalement remplissent nos campings », analyse Régis de Lussac président de la FRHPA du Centre-Val de Loire. Comme souvent, un des paramètres de la réussite dans cette région très prisée par les Britanniques fut la clientèle d’Outre-Manche. Or, du fait des restrictions sanitaires, leur absence s’est ressentie à deux niveaux. Sur les réservations d’emplacements de camping tout d’abord. En effet, si la clientèle française a bien compensé le manque de touristes étrangers en location, ce ne fut pas le cas en camping. «â€¯Ceux qui ont plus de locatifs ont moins souffert, souligne Laurent Cherrier. En revanche, en camping cela fut beaucoup plus difficile. Je n’ai été complet que 10 jours contre 25 jours une année normale. » Cette absence anglaise a également impacté les services dans lesquels Français et Néerlandais consomment moins que les Britanniques. «â€¯La baisse de chiffre d’affaires des services est supérieure à la baisse de la fréquentation », ajoute Régis de Lussac. En particulier dans les bars où «â€¯les Anglais ont une culture du pub que nous n’avons pas ». Un phénomène accentué par la mauvaise météo qui n’a pas favorisé les terrasses ou l’achat de glaces. La satisfaction de cette saison 2021 fut la clientèle française venue en masse en juillet et août. Si Régis de Lussac pointe une «â€¯clientèle assez exigeante », l’intégration de ces néo-campeurs s’est bien passée. Laurent Cherrier y voit d’ailleurs une raison d’être optimiste : «â€¯Depuis deux ans, nous avons vu grossir notre clientèle française. Nous espérons la conserver. Et, si tout va bien, les Anglais devraient revenir l’an prochain, ce qui devrait nous offrir une belle saison 2022. »
Grand Est Une saison à vite oublier
Une saison moyenne, voire (très) mauvaise. C’est le bilan dans le Grand Est. «â€¯C’est comme l’an dernier, avec une météo exécrable en plus », résument les gestionnaires de camping. «â€¯Covid plus météo horrible, cela donne une saison à vite oublier », confie Petrie Mauget du Flower Camping La Samaritaine (Ardennes). «â€¯Les étrangers étaient moins nombreux qu’en 2019 et 2020 mais les Français, venus en nombre, n’ont pas compensé. Chez moi, les Anglais représentent 20 % de notre clientèle. Cette année, on a vu cinq familles… » Parallèlement, le passage a été limité. «â€¯Les clients repartaient rapidement à cause du mauvais temps. Chez nous, il a plu en trois jours l’équivalent de six mois… » Quand on a une majorité d’emplacements nus, le résultat ne se fait pas attendre longtemps. Au final, le camping ardennais devrait enregistrer une baisse de 20 % par rapport à 2019 et de 5 % par rapport à 2020. Des propos que confirme Patrick Phély du camping la Forêt à Arrigny dans la Marne. «â€¯On fait moins bien qu’en 2019 et 2020. L’an dernier la haute saison s’était très bien passée. » En 2020, finalement, les campings du Grand Est avaient, pour beaucoup, bien tiré leur épingle du jeu. Ils étaient d’ailleurs nombreux à avoir enregistré leur meilleure haute saison. C’était la basse saison qui avait plombé les comptes. Vice-président de l’HPA de Lorraine (Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Vosges), Eric Legros qualifie de «â€¯moyenne » la saison. «â€¯Avec une météo catastrophique, seul le locatif s’en sort. On va faire un petit peu moins bien qu’en 2019 et bien moins qu’en 2020, année qui avait été meilleure que 2019 grâce à une belle météo ». Et d’ajouter : « On a quand même sauvé les meubles, avec le temps pourri, cela pouvait être pire encore. » Du côté de l’Alsace, la météo n’a pas permis de sauver la saison. Au contraire. «â€¯Nous n’avons eu qu’une semaine de beau, en août. Sinon, le temps était très mauvais », explique Jean-Paul Roettele, président du SHPA Bas-Rhin. «â€¯Avec le confinement, le pass sanitaire et le flou sur les conditions d’ouverture au début de la saison, les gens ont eu peur de se retrouver coincés. Ils ne savaient pas quoi faire. À titre personnel, ses emplacements nus sont en baisse de 40 % par rapport à 2020. Heureusement, nous avons eu des Allemands. Sans eux, on pouvait fermer. » Des propos que l’on retrouve chez Roland Quincieu, président de l’HPA du Haut-Rhin, pour qui «â€¯la saison a été mauvaise en grande partie à cause de la météo ».
Pays de la Loire: une saison compliquée, mais bonne !
Une météo capricieuse pour tous, conjuguée à une saison contrastée en fonction des départements et, finalement, un bilan assez positif : c’est ce qui ressort des sondages réalisés dans les différents «â€¯territoires » des Pays de la Loire. Puissante locomotive régionale, le département de la Vendée donne en quelque sorte le «â€¯la ». Fin août, les sourires étaient de mise. Pourtant, la saison avait mal commencé. Certes, la clientèle de proximité avait répondu présent en mai avec une bonne présence lors des ponts de l’Ascension et de la Pentecôte. Mais en juin, ce fut étrangement calme. «â€¯À cette époque, nous avons l’habitude de recevoir des étrangers, notamment britanniques. Et là, rien ! », admet, fin août, Franck Chadeau, président de la Fédération vendéenne de l’HPA (FVHPA). Avec un taux d’occupation de 40 à 50 % pour les emplacements nus et de 67 à 79 % pour les locatifs, juillet s’avère en revanche un bon mois. Meilleur qu’en 2019 dans certains établissements ! Août fut égal à lui-même, c’est-à-dire très bon : 85 à 93 % de taux d’occupation pour les locatifs qui ont fait le succès de la saison. La météo n’a pas aidé et les emplacements nus ont eu plus de mal à trouver preneur. «â€¯Finalement, tout était fragile, mais ça a tenu ! Tout le monde a été rassuré avec l’instauration du pass sanitaire. Il y a eu très peu d’annulations. Les clients sont venus et ont joué le jeu », poursuit Franck Chadeau.
Un petit bémol est à noter côté dépenses annexes. En fonction des établissements, les résultats sont très différents. Dans les campings haut de gamme, la clientèle britannique a été, en partie, remplacée par une clientèle française, plus frileuse pour ouvrir le porte-monnaie. Côté bonne nouvelle, Franck Chadeau confirme la venue de néo-campeurs et l’accentuation toujours plus forte de la présence d’une clientèle de proximité. Pour septembre, la météo jouera les arbitres avec des réservations à la dernière minute.
En Loire-Atlantique, on partage le même optimisme. «â€¯2021 présente des analogies avec 2019, mais avec un cran en dessous quand même, explique Nicolas Charrier, le président départemental. Le bilan est bon mais les campings dotés de beaucoup d’emplacements nus ont souffert d’une météo capricieuse. En fait, nous avons été rassurés dès mai et juin, avec un bon niveau de réservations pour de courts séjours. Juillet et août sont bons avec pourtant des conditions météorologiques loin d’être optimales. Les vacanciers se sont accrochés et sont restés. Il faut dire qu’à part le sud de la France, tout le monde était logé à la même enseigne. » Dans les départements de l’intérieur, l’été a été plus compliqué. L’absence de Britanniques s’est fait cruellement ressentir, surtout dans le Maine-et-Loire, département très prisé par cette clientèle : certains campings ont vu leur fréquentation chuter de 50% !
Paca: des raisons de se réjouir
Le Var a le vent en poupe, et le président de la SDHPA, Michel Nore, a de quoi se réjouir malgré un début de saison compliqué. «â€¯L’avant-saison a été loupée du fait des problèmes de mises en place par rapport à la situation sanitaire. Nous n’avons eu aucun étranger. Et en mai, aucun pont ! Par rapport à 2019, juin a été un peu hésitant, et début juillet, nous sommes à – 20 % par rapport à 2019. »
C’est par la suite que la situation s’est fort heureusement inversée, avec une forte demande à partir de la deuxième quinzaine de juillet jusqu’au 28 août. «â€¯Tous les hébergements étaient complets, un peu moins pour les emplacements nus. »
Certes, par rapport à 2019, les étrangers n’étaient pas présents, notamment les Belges et les Néerlandais. Mais la saison a été sauvée en juillet-août grâce aux Français. «â€¯Ceux qui avaient l’habitude de partir à l’étranger dans des hôtels ou clubs de haut standing sont venus dans le Var dans des campings 4 et 5 étoiles, offrant une belle qualité de services. Ce qui montre que tous les investissements réalisés ces dernières années ont été payants. 2021 est donc une excellente saison », se félicite Michel Nore.
Trois critères ont joué en faveur du Var cette année. Une très bonne météo dès les premiers jours de juillet, ce qui était loin d’être le cas dans l’ensemble de la France. L’offre nombreuse de campings 4 et 5 étoiles. «â€¯Sans oublier que le CDT et le CRT Paca ont fait un beau travail de communication auprès de la clientèle française, tient à souligner le président du syndicat. La clientèle régionale est quant à elle venue sur les ailes de saison. »
Le Var affiche un large sourire
«â€¯2021 est donc une excellente année, supérieure de l’ordre de 6 % par rapport à 2019. Le téléphone n’a pas arrêté de sonner, on a refusé des clients. Lors des incendies en août, nous n’avions plus de places pour reloger les clients sinistrés. »
Toujours dans le Var, les gestionnaires ont toutefois pu constater que la clientèle se montrait de plus en plus exigeante, et plutôt impatiente. Mais il n’y a eu aucun souci dans la gestion et le contrôle du pass sanitaire. «â€¯Tout le monde s’est plié à la règle. Cela a permis une bonne fluidité lors des arrivées. Des étudiants ont été recrutés dans le Var pour vérifier les pass sanitaires, ajoute-t-il. Concernant les néo-campeurs, on a récupéré 5 à 6 % d’anciens campeurs qui avaient l’habitude de venir il y a quelques années. Ils sont revenus dans des hébergements. On espère bien évidemment les retrouver en 2022 ! »
Quant au mois de septembre, les réservations étaient «â€¯à un rythme normal par rapport à 2020. On espère obtenir les mêmes résultats qu’en 2019. Le taux de remplissage, pour l’heure, est de l’ordre de 30 à 40 %. En 2019, on était à 50 %. »
Enfin, les gestionnaires varois ont pu constater que les clients étaient très raisonnables sur les achats dans les restaurants et commerces. «â€¯Il y a eu beaucoup plus de ventes à emporter que de repas au restaurant. Les pizzas ont été les reines de la saison ! », conclut Michel Nore.
Même constat pour le département voisin des Bouches-du-Rhône. « Nous avons été complets dès le 10 juillet jusqu’à la fin août, constate Guylhem Féraud, président de l’HPA du département. Mais, fait nouveau, nous n’avons pas connu le creux que nous constatons habituellement entre juillet et août. »
La consommation baisse généralement d’année en année dans le département. Autre constat : «â€¯Il y a eu un frein à la baisse ! Et les réservations de dernière minute nous ont permis de remplir jusqu’à la fin de saison. »
A l’intérieur des terres, dans les Alpes-de-Haute-Provence, la saison a également commencé tardivement. «â€¯En fait, Les étrangers sont arrivés plus tard que d’habitude, notamment les Néerlandais et les Belges, a pu constater Thierry Albano. Mais du coup, la saison a été plus longue, et les établissements bien complets jusqu’au 28 août. En revanche, pour septembre, nous sommes visiblement en retard par rapport à 2020, et même 2019. »
La consommation a été stable d’après les échos de ses collègues. Mais le président du syndicat se montre plutôt optimiste : «â€¯Cette saison va permettre, je pense, de relancer l’investissement. Il y a eu une nouvelle dynamique. Nous sommes plus joyeux que l’été dernier ! »
L’attrait de la montagne dans les Hautes-Alpes
L’attrait de la montagne ne se dément pas. Les gestionnaires des Hautes-Alpes ont pu le constater cette année encore. «â€¯Cet été a été meilleur que 2020, même s’il a mis du temps à démarrer. Nous avons eu peu de passage jusqu’à la mi-juin, hormis les habitués », annonce Franck Velay, président du syndicat HPA du département.
La clientèle française a permis de réaliser une bonne saison en l’absence des étrangers. «â€¯Les locatifs ont très bien fonctionné, et nous avons eu un très bon mois d’août. Nous sommes très contents. Nous avons tout de même pu constater que leur pouvoir d’achat n’était pas très élevé. Certains vacanciers ont découvert la montagne pour la première fois. Environ 10 % dans notre département. Pour l’heure, la demande est plutôt correcte pour septembre. »
Dans le Vaucluse, juillet-août a permis de «â€¯rattraper le retard du début de saison », résume Jeannine Guindos, présidente départementale du syndicat HPA. «â€¯Beaucoup de Français ont sauvé la saison et, fait nouveau, nous avons retrouvé la clientèle néerlandaise. Septembre s’annonce plutôt bien dans le département. La saison sera supérieure à celle de 2020 pour la plupart des campings, mais nous ne retrouverons toutefois pas le niveau de 2019. » Jeannine Guindos le regrette même si elle n’a pas eu toutes les remontées d’information de ses collègues.
Enfin, dans les Alpes-Maritimes, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête. La saison a été tardive, pour ne commencer véritablement qu’à partir du 20 juillet jusqu’à fin août. «â€¯Nous avons été complets en août sur le littoral », explique Yves Monferran, président du SDHPA. Mais la situation a été très différente dans l’arrière-pays et la vallée de La Roya, durement touchée par la tempête Alex en octobre dernier. «â€¯Cela a été très difficile pour eux. Ils ont fait une mauvaise saison. Je pense que nous allons vivre encore deux années difficiles. »
Nouvelle-Aquitaine: sur une bonne vague
Au Comité régional du tourisme (CRT) de Nouvelle-Aquitaine coiffant douze départements, Antony Demelle, résume : « Sur l’HPA, on a de très bons résultats, 99 % des acteurs du littoral se disent satisfaits, voire très satisfaits de leur saison, et 80 % pour l’intérieur des terres, sachant que les campings en périphérie des villes, ont été plus boudés que d’habitude. »
Au final, l’arrière-saison a été plombée par les mesures relatives au Covid mais la haute saison a souri à tous, portée par une écrasante majorité de clientèle française. «â€¯Et un retour des clientèles étrangères, Allemands, Belges, Espagnols et Néerlandais », souligne le CRT. Autre enseignement, 64 % des sondés déclarent une hausse du chiffre d’affaires en juillet et août par rapport à 2019.
Très en pointe sur les données, RMD Technologies fait part pour les Landes, d’un taux d’occupation de 82 % en juillet, et 87 % en août, soit une hausse de 9 points sur la haute saison par rapport à 2019. C’est le département champion de la Nouvelle-Aquitaine. Enthousiaste sur le bilan, le président du SDHPA des Landes François Champetier de Ribes confirme : «â€¯Les réservations ont commencé mi-avril, dès le lendemain de l’annonce du Premier ministre qui a assuré que les Français pouvaient partir en vacances. Même sur les week-ends de mai, certains campings étaient complets. La haute saison fut exceptionnelle. Depuis la reprise de mon camping en 2009, je n’ai jamais connu de tels résultats, même la niche du chien, la baignoire des vaches tout étaient loué ! On aurait eu 100 à 150 locatifs de plus certaines semaines, on aurait loué, tellement on a eu d’appels, c’était incroyable ! »
On voit donc que les Landes, premier département français où le variant Delta est apparu en France, n’a pas subi la frilosité des vacanciers. Fin juin, l’Agence régionale de santé et le SDHPA des Landes ont monté diverses opérations comme la distribution gratuite d’autotests dans les campings pour le personnel ou l’organisation de séances de vaccination pour les saisonniers. Le président du syndicat poursuit : «â€¯J’ai conseillé aux adhérents d’appeler chaque client avant leur arrivée pour leur rappeler les règles en vigueur. Chez moi, les clients arrivaient en brandissant leur téléphone et lançaient en souriant “je suis valide !”». Autre singularité observée par François Champetier de Ribes : «â€¯Cet été les clients étaient contents, mignons, adorables. Franchement, et cela ressort de partout dans les Landes, je n’ai pas eu un seul rouspéteur ! »â€¯
Néo-campeurs en caravane
Autre département, surfant sur la bonne vague, la Gironde, avec des progressions par rapport à 2019, de 8 points en termes de taux d’occupation en juillet de 67 %, en août, de 70 %. Le questionnaire lancé par la directrice du SDHPA 33, Séverine Bagnariol, confirme ces données et donne en sus un éclairage sur le chiffre d’affaires, en hausse chez 74,2 % des répondants en juillet et 51,5 % en août. Notant au passage la faiblesse des annulations en lien avec le pass sanitaire.
Lionel Pujade, le président du syndicat de la Gironde à la tête du camping Ker Helen, au Teich, sur le bassin d’Arcachon (4 étoiles, 140 emplacements) confirme : «â€¯Pour mon camping, je devrais conclure avec 6 à 7 % de mieux par rapport à 2019. Cette année, on a fait une très, très bonne avant-saison avec une ouverture le 2 mai, et un mois de juin en hausse de 10 %. » Et de constater un changement de comportement : «â€¯Les vacanciers sont davantage allés à la plage, ont fait du vélo, ont eu envie de respirer la nature plutôt que rester au camping. En outre, ils ne se sont même pas aperçus du mauvais temps tellement ils étaient heureux d’être en vacances ! L’après saison se présente bien. Le 28 août, j’avais encore trente arrivées sur les locatifs. »
Dans les Pyrénées-Atlantiques, toujours selon RMD Technologies, les taux d’occupation ont grimpé à 77 % en juillet et 80 % en août, soit une hausse de 9 points par rapport à 2019. Le président du SDHPA 64, Loïc Péron, analyse : «â€¯Par rapport à 2019, on fera une saison entre identique et meilleure. Les locatifs ont très bien fonctionné. Ce fut plus difficile pour les emplacements nus. Jusqu’au 7 août il y avait de la disponibilité. Dans le Béarn, ça a été très dur, ça s’est réveillé à la fin juillet ». Le bilan pour son camping, Oyam (4 étoiles, 339 empl. à Bidart), s’élève à + 5 %, poussé par les locatifs en juillet et août. Dans la montagne basque, à Espelette, au camping Biper Gorri (4 étoiles, 154 empl.), Pauline Albino, a enregistré deux mois remplis à 100 %, elle terminera à moins 1 % de taux remplissage, mais avec deux mois de moins d’ouverture. Ici, aussi les néo-campeurs ont été nombreux. «â€¯Ils sont un peu stressés, on les a vus arriver avec des caravanes qu’ils ne savaient pas manœuvrer, c’était un sketch. Comme ils ne comprenaient pas la présence des grenouilles et encore moins des limaces sur leur emplacement, il aurait fallu les éradiquer pour leur faire plaisir ! »
Trop d’étrangers absents en Dordogne
En Dordogne, la directrice du SDPH Sandrine Vertut, estime pour sa part que «â€¯le début de saison a été mauvais, car 20 % de notre chiffre d’affaires est réalisé avec les étrangers, en particulier les Anglais, absents, et les Néerlandais, venus en août. Mais finalement, c’était quand même une bonne saison, quoiqu’en retrait par rapport à 2019. » Le bilan détaillé de la saison, Gé Kusters, gestionnaire du camping Le Paradis (5 étoiles, 213 empl. à Saint-Léon-sur-Vézère) l’a fait à titre personnel. «â€¯Par rapport à 2019, le mois de mai est en retrait de 70 %, juin à – 50 %, juillet négatif de 15 à 20 %, mais le mois d’août est bien meilleur ! Nous étions archi-complets du 25 juillet au 22 août. Depuis l’an dernier, les Français qui jusque-là représentaient entre 20 et 25 % de la clientèle, sont devenus leaders avec les Néerlandais. En 2021, de mai au 1er septembre, sur un total de 1 800 séjours réalisés, 44 % émanaient de Français et 35,6 % de Néerlandais. En revanche, sur le total de 42 400 nuitées, 30,4 % étaient françaises et 54,6 % néerlandaises. Sur la période, le taux d’occupation est de 47 %, le chiffre d’affaires est en retrait de 15 % par rapport à 2019. L’an dernier il était en baisse de moins 25 %. » Et d’analyser : «â€¯On est un camping à saison longue, ouvert habituellement du 1er mars au 20 octobre. L’avant et l’après saison représentent presque la moitié du chiffre d’affaires. Aussi, avec cette saison tronquée de deux mois, si l’on termine sur un chiffre d’affaires de – 10 à – 15 % par rapport à 2019, on sera content. »
Poitou-Charentes : prime à la fidélisation et au littoral
En Charente et Charente-Maritime, selon les données livrées par RMD Technologies, en juillet et août, le taux d’occupation pointait à 67 % en juillet et 71 % en août, soit un bond de 6 points par rapport à 2019.
La satisfaction est particulièrement élevée sur les îles. Présidente de l’Association oléronaise de l’hôtellerie de plein Air (AOHPA), Sylvie Chastenet, elle-même à la tête du camping Le Sous-Bois (3 étoiles, 138 empl. à Saint-Pierre-d’Oléron) dresse le constat suivant : «â€¯On a la chance d’être sur une île très sauvage, ce qui correspond aux envies des gens. En outre, ici la majorité des campings sont familiaux, ce qui reflète le besoin d’authenticité actuel. Personnellement, on devrait terminer la saison avec un petit plus par rapport à 2019. Aujourd’hui 8 septembre nous sommes encore complets, aussi bien en locatif qu’en emplacement nu. Et le mois de juillet sera, le meilleur, le meilleur depuis quinze ans ».
Toujours en Charente-Maritime, à l’intérieur des terres, au camping Val de Boutonne (3 étoiles, 99 empl.) à Saint-Jean-d’Angély, depuis le Covid, on a changé de stratégie pour séduire la clientèle française, passée de 65 à 85 % cette année. La propriétaire, Sibylle Paluzzano, détaille : «â€¯On a joué la carte des services, en ouvrant un snack, en proposant la location de linge, en ajoutant quatre mobile-homes premium dont chacune des deux chambres possède sa salle de bains. On fera mieux qu’en 2020, mais pas mieux qu’en 2019. »
Dans les Deux-Sèvres, au Domaine du Lidon (3 étoiles, 140 empl.), Sylvie Vergnaud s’annonce ravie : «â€¯Depuis la reprise du camping en 2018, le chiffre d’affaires progresse tous les ans de 20 à 25 %. La clientèle est à plus de 80 % française, et elle est fidèle. » Elle note le retour des caravanes avec un panel très varié, modèle dernier cri, vintage, mini…
Enfin, pour le Limousin, carrefour des régions, entre Rhône-Alpes et Occitanie, Christian Graffeuil, président du syndicat qui chapeaute la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne, résume : «â€¯Par rapport au contexte Covid, c’est plutôt une bonne saison. En juillet, malgré le mauvais temps et des températures basses, la fréquentation était soutenue, et à plein pendant la dernière semaine de juillet et les trois premières semaines d’août. Ce qui a manqué à certains campings, c’est la clientèle de passage, l’absence d’habitués, comme les Belges qui remontaient d’Espagne et restent habituellement deux à trois jours. »
Auvergne-Rhône-Alpes: une région qui s’en sort bien
Après une avant-saison très réduite, et malgré la pluie et le froid persistant sur certaines zones, les campings d’Auvergne Rhône-Alpes ont plutôt fait le plein cet été, surperformant même souvent en locatif. L’afflux des Français, voire de la clientèle de proximité, ne compense pas en revanche le retour encore limité de la clientèle étrangère.
« Malgré un temps vraiment mauvais – nous n’avons eu de vraiment beau qu’une semaine en juillet et 15 jours en août –, j’ai été complet en locatif du 2 juillet au 28 août et j’ai même surperformé en emplacements avec une clientèle rassurée de pouvoir participer à toutes nos activités », résume Jean-Louis Galidie, propriétaire du camping La Pommeraie (Cantal) qui a «â€¯mouillé la chemise pour offrir un espace de liberté et une parenthèse enchantée aux vacanciers ». Et le cas n’est pas unique en Auvergne-Rhône-Alpes ! La météo a pu être mauvaise sur certaines zones, avec des pluies répétées et des températures bien basses. Mais le besoin d’évasion et de grand air a encouragé les vacanciers à séjourner dans les campings de la région. Ceux qui avaient réservé un locatif sont bien venus, en montagne comme en plaine. «â€¯Si juillet a pu être moyen, août a été très, très bon en Isère. Jusqu’à tard. Ceux qui ont cartonné sont ceux qui ont des hébergements. C’était réservé d’avance. Et les gens sont venus malgré le temps », résume Franck Perron, président Isère de la FRHPA Rhône-Alpes.
«â€¯Aujourd’hui grâce aux locatifs, le facteur météo impacte de moins en moins leur activité en montagne », confirme Guilhem Poncy, de l’Observatoire d’Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme. 91 % des campings de Savoie interrogés par cet observatoire ont enregistré cet été une bonne, voire une très bonne fréquentation. «â€¯Les locatifs ont été pleins chez nous du 8 juillet au 29 août », confirme Yohann Rigollet, président Savoie de la FRHPA Rhône-Alpes. Sébastien Anceaux, du camping L’Éden de la Vanoise réalise même sa meilleure saison avec + 12 % de chiffre d’affaires entre le 1er juin et fin août. «â€¯Cela ne comble pas le manque de l’hiver dernier (à l’année, nous devrions finir autour de -7 %) mais nous avons conquis de nouveaux touristes en montagne. C’était déjà vrai l’an dernier. Cela l’est encore plus en 2021. » Cet été, il a accueilli + 38 % de Français sur son camping par rapport à 2020. Sur tous les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’avant-saison avait été largement écourtée : ouverture tardive et sans services en mai, un mois de juin faiblard sans clientèle étrangère.
L’Ardèche et la Haute-Savoie plus impactées
«â€¯Ce printemps très compliqué pèse beaucoup dans le résultat de nos campings en Ardèche », explique Rémi Peschier, président de la FRHPA Rhône-Alpes. Au final, leur saison est en effet moins bonne qu’en 2019. Ne parvenant pas à compenser le manque de clientèle étrangère, la Haute-Savoie affiche elle aussi un retrait par rapport à 2019. « Il nous a manqué les étrangers », confirme Serge Emonin, président de l’HPA de Haute-Savoie. 90 % de la clientèle de son camping, Le Saint-Disdille, situé au bord du lac Léman, a été française cette année, contre 60 à 70 % normalement. Et beaucoup sont venus sur de courts séjours. Complet tous emplacements confondus du 17 juillet à fin août, le camping La Ferme situé au bord du lac d’Annecy a également reçu moins d’étrangers. «â€¯Peu d’Allemands, pas d’Anglais, mais un peu plus de Néerlandais et de Belges que l’an dernier. On a en revanche refusé beaucoup de monde du 5 au 17 août. Tous les campings étaient complets autour du lac », détaille Mickaël Vilanova, son propriétaire.
Les Européens de retour
Les campings de la Drôme ont aussi fait carton plein. «â€¯En juillet, on a bénéficié d’un temps plutôt bon, en août, on a été complet avec beaucoup de clients de proximité mais aussi étrangers, des Belges et des Néerlandais surtout », se félicite Jean-Paul Goy, président Drôme de la FRHPA Rhône-Alpes. Pour Henri Rognin, propriétaire du camping d’Arpheuilles à Vézelin-sur-Loire (Loire) la belle surprise de la saison aura bien été le retour des étrangers. «â€¯Des Néerlandais, des Allemands, des Belges qui sont bien venus et sont restés, même si la météo était mauvaise », indique le président Loire de la FRHPA Rhône-Alpes. Encore en repli par rapport à 2019, cette clientèle étrangère était aussi de retour dans l’Ain, dans le Rhône, en Haute-Loire ou dans l’Allier dès la fin juillet. Très international avec 37 nationalités présentes en 2019, le camping Les Barolles, aux portes de Lyon, en a retrouvé une douzaine cet été. Certes agitée, voire anxiogène, la saison 2021 se termine donc plutôt bien en Auvergne- Rhône-Alpes. «â€¯Compte tenu de la conjoncture et de la météo, nous nous en sortons bien » confirme Christian Pommier, président de la FRHPA Auvergne. «â€¯Et nous avons conforté la bonne image du camping » se réjouit Rémi Peschier, son homologue rhônalpin.
Occitanie: Le vouloir d’achat dans un virage serré
La saison et l’enthousiasme de la clientèle ont balayé la grande peur qui stressait le printemps des gestionnaires. Qui doivent composer avec un nouveau tableau social pour nourrir la demande.
Un bilan de saison n’a sans doute jamais croisé un tel regard puisque les 13 départements d’Occitanie proclament en chœur une excellente saison toujours supérieure ou égale à 2019. Sauf les départements de l’intérieur des terres qui n’ont pas bénéficié d’une météo favorable en juillet. Et pourtant, les gestionnaires ont passé une avant saison coincée dans l’international étau sanitaire avec une vraie libération au 15 juin et l’annonce par la fédération nationale d’un protocole sanitaire clair et net négocié avec les autorités. Ce qui signifie que la haute saison aura été excellente surtout en août. «â€¯Les établissements ont globalement bien fonctionné, notamment dans la frange littorale et le tourisme vert qualitatif. Mais cette réussite n’est pas forcément homogène. Des campings un peu standards ou qui travaillaient beaucoup avec une clientèle étrangère ont pu souffrir. Nous sommes très vigilants car ces établissements auront aussi, cette année, à rembourser le PGE », explique Philippe Robert, président régional HPA. Il se félicite du fonctionnement quasiment parfait sous pass sanitaire. «â€¯Zéro cluster, cela signifie que nous sommes capables de travailler dans des conditions sanitaires difficiles », poursuit Philippe Robert alors que l’écrasante majorité des clients 2021 sont arrivés le jour de leur vaccination contre le Covid. La mise en place de ce protocole a clairement incité les clients à rester à l’intérieur du camping pour des activités notamment de bar et de restauration.
Du pouvoir d’achat au vouloir d’achat
Si la perception saisonnière est aussi bonne, c’est parce que les clients sont passés du culte du pouvoir d’achat à celui du vouloir d’achat, volonté affichée de se faire plaisir, quitte à casser les tirelires et faire grimper le budget dépenses annexes de 15 à 20 %. «â€¯C’est particulièrement sensible en restauration ou le ticket moyen a progressé de 5 €. Et la plupart du temps il fallait réserver plusieurs jours à l’avance pour avoir une table », explique Gilles Rigole le président du Gard recoupant des observations dans l’Aude, l’Hérault, les Pyrénées-Orientales, les Hautes-Pyrénées, la Lozère ou même les lave-linges automatiques ont connu cette embellie. Les touristes étrangers n’ont pas été totalement absents, sauf les Britanniques, mais on les a dénombrés moins assidus sauf à cette arrière-saison. C’est ce qui explique la chute vertigineuse du taux d’occupation des emplacements nus dont les caravaniers néerlandais ou allemands sont friands. La réapparition de la tente, dans sa version moderne, n’a pas permis de compenser.
« Pour meubler les cases vides internationales, c’est la clientèle française qui s’est levée parfois pour découvrir un nouvel univers, celui de l’hôtellerie de plein air. Avec généralement des expériences réussies et de belles annotations », indique Paul Bessoles des Pyrénées-Orientales. Mais pas toujours !
Problèmes de main-d’œuvre
«â€¯Cette saison, nous avons aussi découvert le client roi de la dernière minute, très exigeant et jamais satisfait, confondant les étoiles hôtelières et celles de l’univers HPA », lâche Gilles Rigole qui se projette déjà, comme dans tous les départements dans le virage serré et relevé qui attend toute la profession : le recrutement du personnel, ombre portée sur le tableau bleu ciel. «â€¯Jamais nous n’avions connu pareilles difficultés pour trouver des employés, assurer le service dans nos restaurants ou faire le ménage dans les locatifs » explique-t-on un peu partout alors que le besoin de main-d’œuvre – notamment qualifiée – était bien réel pour répondre à ce fameux vouloir d’achat, notamment dans les établissements haut de gamme. «â€¯Le dossier est devenu prioritaire pour nous. Il faut créer de nouvelles conditions d’attractivité, sans doute augmenter les salaires de pair avec une plus grande professionnalisation », poursuit Gilles Rigole qui ouvre le chantier dans le Gard. Comme dans toute l’Occitanie de plein air.
Hauts-de-France: entre bon et moyen
La saison 2021 a répondu aux attentes des professionnels de l’HPA dans les Hauts-de-France. Elle a certes commencé un peu tard, après le 14 juillet, et les professionnels ont dû s’adapter au pass sanitaire. Heureusement, la clientèle a joué le jeu et les campings de bord de mer ont affiché complet au mois d’août. Sylvie Heusele, la présidente de la fédération HPA des Hauts-de-France, résume ainsi la saison 2021 : « Pas de stress, une bonne gestion alors que le pass sanitaire s’est invité en milieu de saison. Je crois qu’il faut remercier, nos responsables syndicaux d’avoir négocié auprès du gouvernement le contrôle unique du pass à l’arrivée des vacanciers. »
Pour Thierry Limantour, dans le Pas-de-Calais, «â€¯c’est une année correcte, pas catastrophique. Nous avons la chance d’avoir un grand bassin de population à proximité et de nombreux résidents à l’année. Nous avons vu arriver en fin de saison une clientèle de grands-parents avec leurs petits-enfants ou des étudiants venus se ressourcer. »
Les professionnels ont dû s’adapter aux demandes de dernière minute et aux séjours de plus en plus courts. «â€¯La baisse est nette sur la fréquentation des commerces annexes, bars, restaurants et sur la vente de billets pour les parcs d’attractions. La contrainte sanitaire a donné une sensation de morosité », ajoute Thierry Limantour.
On relève toutefois des disparités, en fonction de la situation du camping. Olivier Pauwels du camping le Château du Gandspette à Eperlecques, entre Calais et Dunkerque se sent bien seul. «â€¯On est à 15 % d’occupation, la clientèle britannique n’est pas venue. On emploie 13 salariés en haute saison, il a fallu les mettre en congés, du jamais-vu. »
Dans la Somme, «â€¯après une année exceptionnelle en 2019, cette saison est bien différente », explique Laurent Pruvot, président de l’HPA Picardie. «â€¯La clientèle étrangère nous a cruellement fait défaut. Seuls les Allemands sont venus en plus grand nombre. » Août a été plus serein que juillet et septembre s’annonce bien.
La clientèle de proximité a manqué aux professionnels au mois d’avril, au moment du confinement. Ils ont aussi noté que les campeurs sont partis moins loin que les années précédentes, en l’absence de visibilité sur les contraintes sanitaires.
Corse: de fortes disparités
Compte tenu du contexte sanitaire très critique début juillet, Alain Venturi, président du syndicat HPA de Corse, s’estime fin août «â€¯plutôt satisfait de la saison. Même si nous sommes en retrait par rapport à 2019 », concède-t-il. Certes, début septembre, il n’avait pas encore centralisé tous les chiffres. Mais les remontées d’informations de ses collègues étaient plutôt claires.
«â€¯Les établissements structurés, les 4 et 5 étoiles, s’en sortent bien mieux que ceux proposant des emplacements nus et/ou avec une clientèle de passage. » Le bilan est donc très contrasté en Corse selon les types d’hébergement. «â€¯En juin, c’était encore poussif. La saison a été bonne à partir du 15 juillet, et très bonne en août. Septembre s’annonce plutôt bien dans les 4 et 5 étoiles. En revanche, dans les terres, les campings ont beaucoup souffert. Ils ont chuté de moitié pour certains !» En résumé, la saison 2021 sera donc «â€¯dans la moyenne de 2019, pour les établissements 4 et 5 étoiles. Mais en fort retrait pour les autres ».
La mise en place du pass sanitaire s’est très bien passée, «â€¯tout le monde a bien joué le jeu ». Jusqu’à fin juillet, le pass n’était exigé qu’à l’entrée de l’île. En août, le sésame était requis à l’entrée et au départ de Corse vers le continent. «â€¯Seules quelques personnes ont été mises en quarantaine, précise-t-il. Les choses ont été très bien gérées. » Les Corses ont par ailleurs remarqué que les touristes «â€¯avaient plutôt envie de consommer sur place. Le fait qu’ils ne soient contrôlés qu’une seule fois, à l’entrée au camping, les a peut-être incités à consommer dans l’établissement », avance Alain Venturi.
La clientèle française, habituée à partir à l’étranger, est visiblement venue en Corse, considérant sans doute que c’est une destination suffisamment «â€¯dépaysante ».
«â€¯Début juillet, lorsque la situation était tendue, notamment en Balagne (au nord-ouest de l’île) avec de nombreux cas de Covid, nous avons volontairement limité l’accès aux personnes extérieures et modifié les animations. Pas de bals, de danses de groupes, d’aquagym ou de réveil musculaire par exemple. Nous avons également pris des précautions supplémentaires en août. Le public devait également rester assis durant toutes les animations afin de respecter la distanciation. » Concernant le mois de septembre, «â€¯les chiffres sont, pour l’instant, comparables à ceux de 2019 pour les trois quarts des établissements ».