Camping et vélo : le bon tandem
Activité qui se conjugue parfaitement avec le camping, le vélo a le vent en poupe. Mais quelle solution proposer : Louer ses propres bicyclettes ou les mettre en gérance ? Et pourquoi pas les intégrer dans un package avec la location de l’hébergement ? Et pour les clients qui viennent avec leur vélo, voici quelques bonnes idées pour bien les accueillir.Tour d’horizon d’une activité aux multiples braquets.
Activité qui se conjugue parfaitement avec le camping, le vélo a le vent en poupe. Mais quelle solution proposer : Louer ses propres bicyclettes ou les mettre en gérance ? Et pourquoi pas les intégrer dans un package avec la location de l’hébergement ? Et pour les clients qui viennent avec leur vélo, voici quelques bonnes idées pour bien les accueillir.Tour d’horizon d’une activité aux multiples braquets.
Sommaire
Acheter ses vélos et les mettre en location
Quel type de vélo acheter ? Cher ou pas cher ?
C’est souvent la première idée qui vient à l’esprit : aller dans une des grandes chaînes de distribution spécialisées pour acheter des vélos à bas prix, en partant du principe que, même s’ils ne tiennent qu’une saison, ils auront été largement amortis. Erreur ! A l’inverse d’une utilisation par des particuliers, les vélos de votre camping ne sont pas destinés à rester dans un garage et, par-dessus tout, ne seront pas toujours utilisés avec soin. Une flotte en mauvais état peut alors très vite devenir source de problèmes et de conflits avec, à la clé, une mauvaise image pour le camping. Partant de ce constat, opter pour l’achat ne peut se faire qu’en respectant certaines conditions quasi incontournables.
Du bon matériel
Véritable passionné de vélo et propriétaire du Yelloh! Village Le Talouch quatre étoiles, 147 emplacements, à Roquelaure (Gers), Arnold Bil a pris le parti de proposer ses propres VTT à la location. « Tous les trois ans, j’achète une flotte de seize vélos haut de gamme de la marque Specialized (entre 500 et 600 € l’unité). » Des vélos qu’il revend ensuite à moitié prix lors d’une bourse au vélo dans sa région. « J’opte pour des VTT de bonne qualité, pour éviter les problèmes de casse. » Chambre à air Airlock avec liquide anti crevaison, pneu Ground Control, pour éviter la casse du dérailleur, il installe une patte de protection, sorte de fusible fait pour casser et épargner le dérailleur. « Il faut du bon matériel pour éviter les ennuis.» Malgré tout, Arnold Bil reconnaît qu’il y consacre beaucoup de temps. « Quand on n’y connaît rien, il vaut mieux passer par un prestataire externe. » Ses VTT, il les loue 6 € pour une sortie accompagnée, 8 € la demi-journée, 11 € la journée, 16 € le week-end et 55 € la semaine. « Nous les louons avec un casque et un bidon.»
Ne pas oublier les accessoires
Autre camping à choisir la solution de l’achat de la flotte, mais dans d’autres proportions, le Yelloh ! Village Sérignan Plage, cinq étoiles, 710 emplacements à Sérignan (Hérault). Pierre-Benoit Labbe explique la démarche de l’entreprise. « Nous disposons d’une flotte de 800 à 1 000 vélos (en comptant ceux du personnel). Ce sont des modèles de milieu de gamme qui sont siglés aux couleurs du camping et numérotés. Nous employons deux personnes quasiment à plein temps pour la mise en mains, l’entretien et les réparations. Durant l’hiver, elles remettent en état la flotte existante et préparent les vélos neufs.
Chaque fin de saison, nous renouvelons un tiers de la flotte. Les deux-roues « retirés de la circulation » ont une deuxième vie, voire une troisième. Ils sont utilisés par le personnel (femmes de ménage notamment) ou servent de « banque d’organes » pour la réparation des autres vélos. »
Les 800 vélos mis à la disposition de la clientèle le sont de deux manières. « Sur les dix types d’hébergements que nous proposons, sept le sont avec deux vélos inclus, au même titre que le mobilier de jardin ou le barbecue. Le reste de la flotte, de la draisienne pour les tout-petits au vélo hollandais, en passant par des VTT ou des VTC, est loué très classiquement de 9 € par jour à 45 € pour une semaine pour un modèle adulte. Le casque est inclus dans la location. Nous proposons aussi des remorques ou des sièges pour enfants. Cette activité connaît un grand succès pour deux raisons tenant à notre taille. Le client qui est au bout du camping et qui veut acheter la baguette et les croissants du petit déjeuner appréciera le vélo. Par ailleurs, les enfants peuvent rouler toute la journée sur les allées sans aucun danger ».
Louer une flotte de vélo
A défaut d’acheter des vélos, il est possible de les louer.
Eric Ambrosini, l’un des deux patrons du camping Les Sablons, cinq étoiles, 811 emplacements à Portiragnes-Plage (Hérault), résume assez bien le sentiment de beaucoup d’entre vous. « Mon boulot, c’est le camping, ce n’est pas le vélo. Je n’y connais rien et je n’ai pas de temps à y consacrer, chacun son métier ! » Dès lors, la solution de la location est fort tentante, avec deux manières de procéder.
Vous pouvez retenir la solution de Lidvine Grenon-Granger qui dirige le Domaine des Pins, quatre étoiles, 140 emplacements à Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée). « Un loueur nous met à disposition une flotte de trente vélos pour l’ensemble de la saison. Il assure l’entretien et les réparations. Il se paye en fin de saison sur les locations que nous avons réalisées et nous reverse une commission. Nos prix débutent à 8 € pour la demi-journée. Nous prenons une caution et fournissons le casque.» C’est également la solution retenue par Morgan Moreau, patron de Port Punay, trois étoiles, 157 emplacements à Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime). « Un loueur dépose vingt-cinq vélos en début de saison et les récupère à la fermeture.»
Encore plus confortable pour le gestionnaire, il y a la solution de louer une flotte clé en mains à des sociétés comme Bike Service dont nous avons rencontré le patron Eric Amar. « Je loue des flottes de vélos neufs, de 0,79 à 1,75 € HT par jour (l’unité) suivant le type de vélo, le nombre et la durée du contrat (trois, quatre, cinq ou six mois et plus). J’ai deux gammes de produits, Loisirs (VTT de « baby » à adulte) et une autre plus haut de gamme Premium (VTT et VTC). Signe des temps, depuis l’an dernier, je propose des vélos à assistance électrique qui ont de plus en plus de succès. »
La location de vélo prend du temps
Le minimum est une flotte de dix unités sur trois mois (1 300 € HT). Jusqu’à la première location, le patron de camping n’a strictement rien à faire. Les vélos sont livrés dans des cartons et un ou plusieurs techniciens les montent et les préparent (tous sont numérotés et possèdent un antivol). Le personnel du camping qui gèrera la flotte reçoit une formation express (mise en main des vélos, réglages de base ou autres). Durant la saison, les techniciens repassent au minimum tous les quinze jours (toutes les semaines dans certaines régions) et, en cas de problème, sous 24 à 36 heures. « Dans le cas d’une flotte supérieure à 300 unités, nous laissons une personne sur place à temps complet. En cas de vol, je facture le vélo 100 € HT au patron de camping (qui peut faire jouer son assurance) et je le remplace immédiatement. Outre les deux-roues et les accessoires de base (casques, panier, remorque et sièges enfant), je fournis des racks de rangement pour huit à dix vélos (offerts à partir de vingt vélos), mais aussi les contrats de location. Dans un proche avenir, mes vélos seront équipés de puces et de code barre et, en cas, de soucis une alerte arrivera sur le téléphone de mes techniciens, déclenchant ainsi son intervention. Mes clients seront équipés d’un logiciel et n’auront qu’à scanner le code barre au moment de la location.»
Quelle que soit la solution choisie, il faut bien garder à l’esprit que la location de vélos est une activité très chronophage, à moins de la sous-traiter. Compter au moins un quart d’heure à chaque location. Un temps malgré tout nécessaire pour expliquer le fonctionnement de tous les accessoires, et éviter ainsi pas mal de dégâts dus à de mauvaises manipulations.
Mettre en gérance
Pour ceux qui n’ont ni l’envie ni le temps, il reste la solution de la mise en gérance.
Eric Ambrosini du camping Les Sablons, cinq étoiles, 811 emplacements à Portiragnes-Plage (Hérault) a opté pour la mise en gérance. Il loue un local aux portes du terrain à la société Localoisirs qui travaille avec les clients du camping comme avec la clientèle extérieure. Ludovic Durand responsable de cette activité, nous explique. « Tous les ans, dès l’ouverture du camping, je mets en service une flotte de 120 à 150 vélos de toutes tailles, âgés au maximum de cinq ans. Je loue aussi des Rosalies, cinq petites (4 places) et quatre grandes (6 places). Pour un vélo adulte, je fais payer 15 € la première journée, 7 € la suivante. Une semaine coûtera 50 € (40 € pour un vélo enfant). Nous fournissons gratuitement les casques et les sièges enfants. En haute saison, nous sommes jusqu’à cinq personnes et nous sommes ouverts de 9 heures à minuit.»
Un vrai service… Mais quel profit ?
La location de vélo : un service utile. Mais est-ce vraiment rentable ?
Vous êtes unanimes sur le sujet à considérer la mise à disposition de vélos avant tout comme un service. En témoigne Pierre-Benoit Labbe du Yelloh ! Village Sérignan Plage. « Clairement, pour nous, quand on prend en compte l’investissement et les deux personnes qui travaillent quasiment à plein temps, la location de vélos n’est pas une source de profits, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est avant tout un service au même titre que le pain ou les plats emportés. Ce n’est pas ce qui déterminera le choix du client au moment de la réservation mais, en revanche, ça peut jouer sur son envie de revenir.»
Cela dit, cela peut être également un profit comme pour Arnold Bil du Yelloh ! Village Le Talouch qui revendique un chiffre d’affaires de 4 000 à 5 000 € HT pour sa flotte de seize vélos. Ludovic Durand, de la société spécialisée Localoisirs, et gérant de la boutique vélos du camping des Sablons, atteint, quant à lui, environ 60 000 € HT de chiffre d’affaires sur une saison moyenne –rappelons qu’il ouvre ce commerce à la clientèle extérieure au camping. « Ce chiffre est néanmoins à tempérer par le fait que j’emploie jusqu’à cinq personnes à plein temps et que je verse un loyer au camping (8 000 € HT).»
La location de vélo : ça s’anime
Comment mieux louer ses vélos ? En organisant des sorties par exemple.
Louer des vélos de différents modèles et tailles, aussi beau soient-ils, c’est une chose mais certains vont encore plus loin dans la démarche. L’expérience semble ainsi montrer que le vélo peut également être une animation intéressante. Les clients semblent d’ailleurs le demander de plus en plus souvent. Preuve en est donnée par Arnold Bil du Yelloh ! Village Le Talouch. « J’organise quatre sorties à VTT par semaine pour tous les niveaux (6 € la location, gratuit pour les autres). Chaque saison, je parcours au moins 2 500 km avec mes clients. La location de vélos, c’est un service qu’il faut animer en permanence. On donne même des cours où l’on explique comment bien freiner et utiliser son VTT. Je propose même des chasses au trésor et contribue au grand jeu Geocatching dans ma région. Les jeunes adorent ! Ils reviennent souvent pour ces montées d’adrénaline.»
Sans aller aussi loin, rien ne vous empêche d’indiquer ou d’organiser quelques belles balades aux alentours du camping, de proposer des guides, etc.
Soignez l’accueil des cyclistes
Marché de niche, la clientèle des cyclotouristes n’est pas à laisser filer. Plusieurs campings ont compris tout l’intérêt de bien accueillir les amateurs de la petite Reine.
Bien accueillir les cyclistes. Les campings du bord de Loire en connaissent souvent un rayon. En particulier ceux qui adhèrent aux labels La Loire à Vélo ou Châteaux à Vélo, lesquels ont pour référentiel Accueil Vélo mis en place par France Vélo Tourisme. Une cinquantaine de terrains situés à proximité du fleuve royal ou des châteaux sont d’ailleurs référencés. Pour pouvoir afficher la mention Accueil Vélo, plusieurs prérequis sont demandés. Les établissements doivent « préalablement à toute démarche, être situés à moins de 5 km d’un itinéraire cyclable balisé et sécurisé (répondant au cahier des charges national des véloroutes et voies vertes) », indique le référentiel. « La marque Accueil Vélo est attribuée aux hébergements touristiques classés selon les normes nationales propres à chaque catégorie » (voir encadré).
« Notre établissement est situé sur le circuit des Châteaux à Vélo et nous nous sommes spécialisés dans l’accueil des cyclistes. D’ailleurs, nous répondons aux engagements Accueil Vélo », explique Laurent Cherrier du camping Sites et Paysages Les Saules ****, 164 emplacements à Cheverny (Loir-et-Cher). « Je connais bien tous les itinéraires de la région. Je suis capable de bien renseigner les campeurs sur les différents circuits et les curiosités à voir. » Evidemment, il n’hésite pas à distribuer les cartes avec les circuits.
Table et chaises sur l’emplacement
Preuve qu’il bichonne cette clientèle : même quand il est complet, il conserve toujours quelques parcelles pour accueillir les cyclistes qui arrivent le soir, sans avoir réservé. Il accueille au moins 300 randonneurs à vélo par saison. Ou plus exactement hors-saison. « J’installe une table et des chaises sur leur emplacement. Je dispose également d’un local à vélos qui se ferme à clé. Il sert surtout pour les Parisiens qui ont peur de se faire voler leur bien.» Il dispose même d’une salle de détente avec des fours à micro-ondes, un ordinateur et l’accès à Internet (Wi-Fi) gratuitement. « J’ai bien sûr un atelier avec les outils nécessaires pour réparer un vélo, que je mets à disposition gratuitement. »
Pour ces randonneurs à bicyclette, il propose un tarif spécifique : 10 € l’emplacement pour deux pendant toute la saison. « C’est un prix attractif. Mais à côté de ça, ils dînent presque tous au restaurant du camping. On leur propose le petit-déjeuner dès 8 heures du matin, voire le pique-nique pour midi. » Pour 2015, il envisage d’installer un hébergement locatif tout simple, sans sanitaire qui correspond parfaitement aux attentes des randonneurs : le Campétoile fabriqué par les Terrasses du Lys.
Retrouvez l’intégralité de notre enquête dans L’OT n° 330 (décembre 2013) avec plus de témoignages et de conseils (assurances, répartition des flottes, le label Accueil Vélo…)