Argelès-sur-Mer, capitale européenne du camping

Avec 53 campings, Argelès-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales est La capitale européenne du camping. Un statut qui oblige  la ville à s’intéresser tout particulièrement à l’HPA et les campings à jouer sur leurs différences pour se distinguer dans la masse.

Moins de campings, mais plus grands

Comment une petite commune des Pyrénées-Orientales devient-elle une des stations balnéaires les plus populaires de France ? Grâce à son cadre exceptionnel entre mer et montagne, répondent d’une même voix les différents professionnels du tourisme.

«â€¯Nous avons la chance d’avoir une destination avec la mer, les montagnes et un environnement naturel propice aux activités de plein air. Et bien sûr un taux d’ensoleillement supérieur aux moyennes nationales. Argelès-sur-Mer a tout pour plaire. » commente Jean-François Bey, président du syndicat HPA du Languedoc-Roussillon, propriétaire du campingLes Galets **** (233 emplacements) à Argelès.

C’est au cours de la seconde moitié du XXe siècle que la popularité de la station balnéaire explose véritablement avec le développement des congés estivaux. Argelès est une station à la mode depuis les années 1950 et particulièrement pour les vacances de « plein air ». Au début des années 1970, la ville est déjà devenue une des destinations de vacances les plus recherchées en France. Pour accueillir les touristes, les campings se multiplient sur le territoire de la commune. On en compte plus de 90. «â€¯C’était un peu le western à cette époque, se souvient Jean-François Bey. L’évolution des campings allait plus vite que l’administration d’où un peu de temps pour s’adapter à ce développement. » La fin des années 1970 et le début des années 1980 sont donc une période d’encadrement de l’activité, avec, notamment l’arrivée des tour-opérateurs. «â€¯C’est à ce moment que l’on a vu une évolution quantitative et qualitative des campings. Il y avait de plus en plus d’emplacements mais moins de campings. » Le nombre d’établissements descend en effet à 70 mais ils sont de plus grande taille. L’arrivée des nouvelles normes apporte encore plus de qualité dans les années 1990.

13 000 emplacements de campings

Parallèlement, le nombre d’emplacements continue d’augmenter pour «â€¯atteindre environ 13 000 emplacements aujourd’hui. Le nombre s’est stabilisé mais on a vu les campings grossir et leur nombre diminuer ». En effet, au gré des rachats, plusieurs campings se sont développés en absorbant d’autres terrains afin d’augmenter leur capacité. C’est notamment le cas deLa Sirène ***** qui est ainsi devenu le plus grand camping d’Argelès-sur-Mer avec 741 emplacements. Des 90 établissements des années 1970, il n’en reste désormais «â€¯que » 53. Ce qui est cependant suffisant pour qu’Argelès conserve son titre de capitale européenne du camping.

Même si l’attractivité de la station n’est plus à prouver, une de ses particularités vient des groupes qui ont encore du mal à s’y implanter. «â€¯Malgré quelques rachats et de nombreuses tentatives de rachat, la part des groupes demeure faible sur la commune. La majorité des campings sont encore indépendants. Lors des cessions, ce sont généralement des professionnels locaux ou régionaux qui rachètent les terrains. » A l’image deLa Sirène dont le propriétaire, Eric Carletti, est désormais à la tête de trois des neuf campings 5 étoiles à Argelès (La Sirène,Le Bois du Valmarie, 181 empl., et L’Hippocampe, 171 empl.). «â€¯Il faut grossir pour évoluer. Pour proposer des services haut de gamme il faut des recettes. »

La station semble toutefois être arrivée au terme de sa croissance selon Jean-Florent Boineau, directeur de l’office de tourisme d’Argelès-sur-Mer : «â€¯Il y a quelques années, nous étions dans une logique de construction. Désormais, le travail est d’optimiser et de développer le rendement, bref d’optimiser ce que l’on a. » Pour expliquer le succès de la ville et de ses campings à travers les années, Jean-François Bey et Jean-Florent Boineau mettent en avant, outre ses atouts naturels, la qualité des chefs d’entreprises locaux et la capacité de la station à évoluer ainsi que la variété de son offre : «â€¯Quand on pense à Argelès, on pense généralement tourisme populaire. C’est sans doute vrai mais ce n’est qu’une vision partielle. La diversité de l’offre et de ses clientèles sont deux des clés du succès d’Argelès. A la différence des stations concurrentes de l’Hérault par exemple, l’offre est plus variée » précise Jean-François Bey.

Retrouvez la suite de l’article dans L’OT de novembre – n° 369

«â€¯Mon camping est excentré, j’en ai fait un atout »

A la tête d’un petit camping (Les Mimosas) de 36 emplacements, classé deux étoiles, Nathalie Lair témoigne.

Se faire sa place au milieu de 53 campings dont plusieurs sont de très grands établissements n’est jamais facile. Encore moins quand on est le plus petit camping de la commune. Depuis 17 ans, Nathalie Lair est à la tête du camping Les Mimosas qui ne possède que 36 emplacements.«â€¯Je suis excentrée  et en retrait du littoral. Je n’ai pas les mêmes prestations que les gros campings. Mes clients cherchent avant tout la nature et veulent éviter le bruit du bord de mer. »La taille de son terrain ainsi que son éloignement de la plage sont devenus des arguments de communication : «â€¯On a souvent l’impression que les médias ou la commune s’intéressent surtout aux gros complexes du bord de mer. Nous avons dû nous créer notre propre clientèle en faisant de nos différences nos points forts. En hors-saison, nous ne pouvons pas nous permettre de casser les prix, il a donc fallu proposer autre chose en mettant en avant le calme, la nature ou le caractère familial du camping. Pendant la saison, il n’est pas rare de voir arriver des campeurs qui fuient les nuisances du littoral pour venir se reposer chez nous. »Au gré des années, le camping s’est ainsi constitué une clientèle d’habitués. Si, en juillet et août, les Français sont les plus présents, en basse saison,Les Mimosas se distingue de ses concurrents avec une forte clientèle étrangère composée d’Allemands et de Néerlandais qui apprécient cet établissement de petite taille.

L’HPA d’Argelès en chiffres

Abritant plus de 25 % des campings des Pyrénées-Orientales, Argelès-sur-Mer présente des chiffres étonnants pour une commune.

– Nombre de campings : 53.

– Nombre de campings avec piscine : 44.

– Nombre d’emplacements : 13 427

– Une étoile : 0

– Deux étoiles : 4 (429).

– Trois étoiles : 23 (3 698).

– Quatre étoiles : 17 (5 716).

– Cinq étoiles : 9 (3 451).

– Nombre de nuitées campings (mai-octobre) :  2 576 899.

– Nombre de personnes ayant séjourné sur les campings (mai-octobre) : 293 484.

– Chiffre d’affaires hébergement des campings :  38 millions d’€.

Argelès-sur-Mer en bref

Voici en quelques chiffres ce que représente Argelès-sur-Mer.

Nombre d’habitants : 10 000 permanents.

Population l’été : Environ 120 000 personnes aux périodes les plus chargées.

Résidence principale : 34 % (Source : INSEE 2009).

Résidence secondaire :62 %.

Vacants : 4 %.

Longueur de plages : 7 km.

Superficie totale : 59 km² (soit autant qu’une ville comme Montpellier).

Nombre de vacanciers (mai-octobre) : 691 000 dont 420 000 en juillet et août.

Nombre de nuitées (mai-octobre) : 6 424 400 dont 4 233 600 en juillet et août.

69 % des vacanciers avaient déjà passé des vacances à Argelès-sur-Mer.

Répartition par nationalités : Français 80 %, étrangers 20 % (Britanniques et Allemands étant les mieux représentés). 

Les régions françaises les mieux représentées :

– Ile-de-France (13,3 %) ;

– Nord-Pas-de-Calais (11,4 %) ;

– Midi-Pyrénées (10,6 %).

Le Nord étant le premier département avec 8,1 % de la fréquentation touristique de mai à octobre.

Nombre d’hôtels : 23.

Retombées économiques directes: 260 millions d’euros dont 99 millions dépensés dans les hébergements. Juillet et août représentent 71 % de ces retombées économiques.